Fort du succès de leurs singles, Fogerty compose sans relâche. Et alors que le groupe entre en studio pour enregistrer son cinquième album, qui reste leur plus grosse vente à ce jour, quatre de ses titres ont déjà été commercialisés pour appuyer la nouvelle tournée. Si 1969 a vu Creedence Clearwater Revival sortir trois albums studio, dont deux très solides, 1970 démarre avec autant d'entrain et "Cosmo's Factory" va connaître un carton à travers le monde dès sa sortie en juillet.
C'est bien simple, sur ses 11 titres, 8 apparaissent régulièrement dans la majorité des best-of actuels du groupe. Et c'est 'Ramble Tamble' qui ouvre l'album avec ses sept minutes et sa longue partie instrumentale. Changements de tempo, d'ambiances et de plans de guitare, nous pourrions presque parler de pièce progressive.
A ce sans-faute s'ajoutent un 'Travelin' Band' véloce qui se la joue un peu 'Good Golly Miss Molly', le single nerveux au riff d'ouverture éternel 'Up Around The Band', un 'Lookin'Out My Back Door' sautillant qui restera l'une des meilleures compositions du groupe ou encore la touchante et éthérée 'Who'll Stop the Rain' et la sauvage et oppressante 'Run Through The Jungle' qui militent toutes deux clairement contre le conflit au Vietnam.
Les reprises se font de nouveau plus nombreuses également avec le basique 'Before You Accuse Me' de Bo Diddley qui trainait dans les cartons du groupe depuis 1968, le guilleret 'Ooby Dooby', le classique 'My Baby Left Me' et le pavé ultime du groupe, un 'I Heard It Trough The Grapevine' interminable de 11 minutes.
Moins roots et constant que "Green River", moins varié que "Willy And The Poor Boys", "Cosmo's Factory" n'en démérite pas pour autant en présentant un Creedence Clearwater Revival sûr de lui et en pleine possession de ses capacités, un groupe à son zénith, sommet très vite atteint mais précédant une chute inéluctablement aussi rapide.