Rien ne va plus au sein du Creedence Clearwater Revival. Après le tout relatif échec de "Pendulum", John Fogerty, taxé de tyrannique, décide de laisser plus de place à ses compères. Ainsi, dans le groupe transformé en trio depuis la tournée précédente (Tom Fogerty ayant quitté le groupe), chacun est prié d'apporter sa contribution. A l'instar des Beatles, le groupe s'ouvre à la démocratie. Cette dernière aurait pu sonner le renouveau du groupe mais malheureusement une seule composition ('Someday Never Comes' de Fogerty bien entendu) se voit attribuer le mérite de figurer sur un 45 tours selon la maison de disque, un comble pour ce combo dont les singles étaient la marque de fabrique ultime.
Les tensions, plus fortes encore que sur l'essai précédent, débordent sur chaque titre. L'album sera boudé par le public et la presse, et très vite John Fogerty met fin au suspense. Estimant avoir fait assez d'efforts pour intégrer ses collègues et déplorant l'absence de résultat probant, il dissout le groupe en octobre 1972 pour se consacrer à un album studio déjà bien avancé et qui le voit revenir aux sources de la country.
Et l'on ressent déjà ce dénouement sur cet ultime effort "Mardi Gras". Le simplet mais sympathique 'Lookin' For A Reason' aux nappes de clavier grinçantes, le mauvais 'Need Someone To Hold' ou le cliché 'Tearin' Up The Country' (qui contient tant de clins d'oeil grossiers au style que c'en est presque gênant) en sont les preuves irréfutables.
Si 'Sweet Hitch-Hicker' donne encore dans l'ouverture fulgurante et rock'n'roll, elle n'apporte rien de bien neuf au répertoire du groupe et les lourdingues 'Sail Away' et 'Take It Like A Friend' au chant plus que moyen finiront de planter cet album définitivement de trop dans la carrière du groupe.
La joyeuse 'Hello Mary Lou' et 'Someday Never Comes', au titre évocateur, une autre chanson mélancolique et poignante comme "Pendulum" avait su en contenir et que transcende la voix presque brisée de Fogerty, seront les derniers véritables cadeaux à son public d'un groupe à l'agonie.
Une fois la séparation consommée, seul John Fogerty parviendra à tirer son épingle du jeu et s'il produit encore des albums en ce XXIème siècle, il ne retrouvera jamais le même succès que dans Creedence. Les autres, après quelques projets et come-back manqués, retourneront dans l'anonymat. En moins de 5 ans et 7 albums, Creedence Clearwater Revival aura néanmoins marqué de son empreinte indélébile et de mélodies éternelles le monde du rock international.