Tiens, tiens ? Revoilà Panzerballett ! Les jazz-métaleux teutons reviennent moins de trois ans après la sortie de "Tank Goodness" qui n'était pas passé inaperçu dans nos pages. Leur nouvelle offrande s'intitule "Breaking Brain", sortie il y a quelques jours chez Gentle Art Of Music.
Les habitués n'y perdront pas leur latin. En effet, les Allemands font ce qu'ils savent faire le mieux : du jazz presque classique avec de grosses guitares très saccadées à la Meshuggah (si, si !). Et ils le font très bien. Pour ce nouvel album, ils appliquent la même recette qui plaît tant à leurs nombreux fans : des reprises de grands standards du jazz retravaillées à la Panzerballett, comprenez réarrangées à la sauce metal, et des compositions originales.
Au nombre des reprises, on trouve sur cette édition une belle réinterprétation du classique 'Pink Panther' relativement fidèle, impression renforcée par le saxophone de Gregor Bürger, toujours aussi précis et virevoltant. Ils s'étaient déjà essayés à cette reprise en 2008 sur "Starke Stücke", mais celle de 2015 est plus groovy et moins free jazz. Le passage classic-jazz central sans guitare met au grand jour le talent pur de jazzmen du groupe dans son ensemble. Figure également 'Shunyai', une reprise du trio indien Trilok Gurtu pour laquelle les Allemands se fendent d'une prestation aussi originale que réussie dans un jazz groovy tenté d'exotisme. Enfin, l'improbable 'Mahna Mahna' immortalisé au générique de l'émission Téléfoot 1 dans les années 80, ici dans une version sur-vitaminée.
Côté créations "maison", les Allemands distillent un jazz musclé à la six-cordes dans une veine jazz-rock comme pouvait le faire les Québécois de Uzeb, mais avec ce petit plus de modernité metal bien ancrée dans notre époque, sans cesse ponctuée de guitares agressives et saccadées dans une pure veine djent. 'Euroblast' n'est pas seulement le nom d'un festival metal prog allemand mais le premier titre de l'album avec toujours ce mélange de jazz et de rythmique grassouillette maîtrisé comme nul autre par Panzerballett. Citons également le groovy 'Smoochy Borg Funk' ou encore 'Der Sax Dicatator' faisant la part belle à Gregor Bürger qui permet de reconnaître la patte des Allemands à la première écoute.
La bande à Jan Zehrfeld maîtrise totalement son sujet et sait ajouter les ingrédients qui les font sortir du lot. Cette culture jazz et metal qui semble innée a tout de même ses limites : il faut être un vrai amateur des deux genres et donner le temps de nombreuses écoutes à l'album, deux conditions indispensables pour apprécier pleinement ce "Breaking Brain". Mais une fois qu'elles sont réunies, le plaisir est nécessairement au rendez-vous, le talent et l'authenticité de Panzerballett faisant le reste. Un album pas seulement réservé aux puristes du style qui ne seront pas déçus, mais sans doute une belle découverte pour les autres.