Groupe de metal progressif originaire du sud de la France, Inepsys officie dans un metal prog classique proche de Dream Theater. Cette comparaison n'est pas galvaudée, nous en reparlerons plus bas. Après 2 EP et un album particulièrement bien accueillis par la critique, Inepsys est de retour avec un second LP.
Moins thrash et plus progressif que "Time For Rédemption" (2011), "The Chaos Engine" fleure bon le prog des années 90 avec tous les artifices qui rendent ce genre de metal aussi plaisant : riffs ravageurs, claviers enveloppants et ruptures rythmiques aux ambiances contrastées donnent une couleur riche à la musique des toulousains. Heureusement, l'album ne tombe pas dans la caricature d'un genre trop typé et parvient à imprimer sa touche d'originalité grâce à des compositions haut de gamme, des mélodies souvent imparables et à l'apport d'éléments modernes au travers de claviers plus contemporains.
Côté compos, 'The Die Is Cast' constitue la pierre angulaire de l'album. Du haut de ses 30 minutes, le titre est constitué de huit pièces alternant entre parties heavy, mid tempo et sections plus agressives. La durée pourrait rendre l'exercice indigeste mais c'est tout le contraire, l'ensemble se liant d'une façon toute naturelle grâce à une qualité d'écriture au-dessus de la moyenne. Pour le reste, Inepsys nous régale d'un metal prog efficace et varié aux riffs grassouillets et aux mélodies qui font mouche. Les deux instrumentaux 'The Eye Of Horus' et 'Prelude To Chaos' sont percutants et très bien écrits et rappellent Threshold ou In Flames. Enfin, Inepsys assume complètement ses influences en reprenant fidèlement un 'Pull Me Under' qui conclut l'album de belle manière.
Si musicalement les musiciens sont au point, condition indispensable à l'interprétation de ce genre si exigeant, il n'en est pas de même des parties vocales. En progrès par rapport à l'exercice précédent, le chant constitue toujours le point faible d'Inepsys. Jérôme compose et déclame des mélodies accrocheuses mais la précision n'est pas toujours au rendez-vous dans les parties les plus aiguës et l'apport d'une voix féminine sur 'Virtual Feelings' n'y change rien. Dommage, mais pas rédhibitoire car les mélodies sont facilement mémorisables et efficaces, et d'autres groupes ont fait carrière avec des voix que beaucoup considèrent comme inaudibles. Cela reste très subjectif et dépend de la sensibilité de chacun.
Au final, c'est un peu de frustration qui se dégage de "The Chaos Engine", si intéressant musicalement mais dont un manque d'originalité et un chant d'un niveau encore trop juste abaissent la note. L'album n'en reste pas moins agréable et plaira aux amateurs d'un metal prog à la Dream Theater car, même si Inepsys ne révolutionne pas le genre, loin de là, leur musique mérite une oreille attentive. Espérons qu'ils continuent de s'améliorer et qu'ils sauront corriger les quelques défauts restant pour atteindre un succès que ce prometteur album leur laisse entrevoir.