Moins de deux ans après un "Tasting The Tears" de bonne facture, les Italiens d'Eldritch reviennent sans clavier et avec un nouveau bassiste. L'album précédent poursuivait le retour aux sources amorcé en 2011, doté d'un son moderne pour délivrer un metal prog efficace et percutant. Ce nouvel effort pourrait achever de convaincre les réticents au vu de l'énergie qui s'en dégage.
Le changement le plus notable par rapport au précédent album est l'absence d'un titulaire au poste de clavier. Pour autant cet instrument n'est pas absent puisqu'il apparaît de façon plus ou moins discrète sur chaque morceau, sous forme de nappes ou d'arpèges fugaces. Les points communs avec "Tasting The Tears" sont toutefois plus nombreux que les différences. Le chant de Terence Holler est toujours aussi précis, aigu est maîtrisé. Il se montre même plus versatile que jamais et dans une forme éblouissante, au point de développer des mélodies riches, chatoyantes et toutes accrocheuses. Et quelle que soit la couleur musicale, le chanteur s'adapte en termes d'agressivité en gardant haut perchée son exigence mélodique. A ce titre, l'album démarre sur les chapeaux de roues avec un 'Changing Blood' énergique et fabuleusement enthousiasmant.
Le second atout majeur du combo est Eugene Simone, leader et également rescapé de la première heure, qui semble tenir à bout de bras son groupe chéri à coup de riffs destructeurs. Il oriente les morceaux vers du prog aux rythmiques travaillées ou vers un jeu plus rentre-dedans. Les quelques solos sont toujours bien sentis mais c'est surtout, là encore, une totale maîtrise sans prétention qui caractérise le jeu. La douceur de 'The Face I Wear', le riff percutant de 'Danger Zone", le rythme syncopé des couplets de 'Before I Die' ou le déchaînement insensé de 'Slowdown K Us', titre après titre, c'est une sorte de florilège metal prog joyeux qui se déverse dans nos oreilles réjouies. Même la batterie de Raffahell Dridge s'en donne à cœur joie. Les quelques breaks bien sentis et le son général de la rythmique respirent le bonheur de jouer cette musique-là.
Eldritch est passé en dix albums à son actif par différentes phases plus ou moins réussies mais qui dénotent une belle persévérance. Les Italiens n'ont jamais semblé aussi enthousiastes qu'avec ce "Underlying Issues". C'est peut-être leur meilleur album en 20 ans de carrière, doté d'une production parfaite, d'un chant mélodique et accrocheur à souhait, de riffs précis, diversifiés et de morceaux aux couleurs bigarrées.