Voilà bien longtemps qu’Entwine a abandonné ses velléités death
métalliques, seules leurs deux premières démos en exhalant en effet le
parfum. Six ans nous séparent du dernier album des Finlandais, un "Painsatined" aux élans de métal gothique fréquemment transpercé de
fulgurances pop. Malgré le hiatus d’une demi-douzaine d’années, le
line-up du combo reste inchangé, "Chaotic Nation", leur septième
production, marquant les vingt ans d’existence d’Entwine.
Six
ans d'absence pour un groupe non-majeur est un risque ... majeur. Celui de
disparaître des écrans, même de ceux de ses suiveurs. L'offre est
tellement diversifiée aujourd'hui et le métal mélodique n'est pas une
exception - même s'il est taxé pour Entwine de flirter avec le gothique - ce qui
reste à prouver, mais nous y reviendrons.
Quoiqu'il en soit, le
dénommé Aksu Hanttu, batteur de son état, a eu beau lâcher son bébé
pendant quelques années pour se concentrer sur son (autre) métier de
producteur – dans lequel il a acquis soit dit en passant certaines
lettres de noblesse en ses terres finlandaises – rien n'y a fait, Tom
Mikkola, son compère guitariste des débuts l'a patiemment attendu sans
que sa flamme conceptrice ne souffre du moindre vacillement.
Ce
dernier nous a donc concocté un fagot de brûlots gorgé de hits
potentiels et pourvus d'une diversité notable. Que l'on traverse les
ambiances de piano-bar ('The Evil Lives On The Shadows'), les effluves
électro ('Revolt For Redemption'), que l'on croise les influences
mélodramatiques de Keane en version perfusée à la caféine ('As We Arise'),
des sonorités de synthé des 80's ('Fortune Falls'), ou qu'on se prenne un
pan de mur en pleine face (les hyper musclés 'End Of Silence' et 'Saint Of
Sorrow') façon 30 Seconds To Mars quand ils s'énervent, tout, absolument
tout suinte la mélodie accrocheuse, voire lumineuse.
Quant à
assurer mordicus que tout ceci tient de la sphère gothique, voilà qui
semble une prise de position basée sur une époque révolue chez Entwine.
Ici il semblerait plus judicieux de parler de pop métal alternatif
pour faire dans le néologisme de sous-genre musical. Quoiqu'il en
soit, qu'importe l'enseigne de l'estaminet, le principal est la qualité
des breuvages que nous y buvons.
Voilà donc bien là un disque à la fois
bourré d’énergie communicative et radiophoniquement mélodieux. Amateurs
de sensations fortes non-réfractaires au binôme métal/mélodies pop,
foncez tête baissée, ce "Chaotic Nation" bipolaire est une bombe à perles
de velours.