Vous en connaissez beaucoup des groupes de blues allemands, vous ? Il faut bien avouer que les concepts ne collent pas trop ensemble, la chaleur et l'âme du blues face à la froide mécanique de la musique allemande ... Et pourtant, le premier groupe du genre a vu le jour au pays de la bière et de la saucisse dès 1968. Mais aucun d'entre eux n'a jamais provoqué de réels remous outre-Rhin. Soulmatic sera-t-il de ceux-là ?
Basé à Cologne et fondé en 2007, ce power trio se revendiquant des influences allant de John Lee Hooker aux Stones en passant par les Beatles (on en retrouve des sonorités en intro de 'Hard Times') ou Hendrix sort cette année son second essai studio. Pourtant à l'écoute, la musique de Soulmatic évoquera plutôt leurs homologues américains JJ Cale et Mark Knopfler pour le finger picking et le timbre de voix, fluet et plus parlé que chanté.
Privilégiant les formats courts et les rythmiques mid ou up-tempo, "Mighty River" s'écoute avec un certain plaisir, malgré quelques longueurs, parfois léger comme sur un opener au côté folk américain très lumineux (les nappes de claviers apportent de la profondeur et un côté rock à l'ensemble) ou sur les sautillants 'Call Me Baby' et 'Keep On Rock'n', parfois plus rugueux comme sur le bondissant 'Up And Down The Hill' qui laisse place à quelques belles saillies de guitare (trop rares dans cet album de blues) ou 'Nagasaki Girl' qui voit le groupe donner de l'adrénaline sur des chœurs lunaires évoquant nos chers B 52'S. Et quand nos Saxons anglophones donnent dans le blues, le vrai, le pesant, ils s'en sortent avec les honneurs comme sur 'Stormy Monday' et à moindre mesure 'Boderline'.
Nos amis tapent donc allègrement dans de nombreux styles (la rythmique reggae du final 'Sad Songs On The Radio') souvent issus de la culture américaine (le groovy et riche en chœurs 'I'm Outta Here'). Après tout c'est de bonne guerre, l'oncle Sam leur ayant piqué il y a longtemps déjà le fameux hamburger !
Il y a du plus faible également dans cet album sans doute trop rempli, sans pour autant devenir inintéressant, comme 'You Are The Only One' ou 'Out On The Streets' et le titre éponyme qui justement dévoilent la faiblesse de Werner quand il s'attaque à une ligne de chant trop mélodieuse. Le refrain de ce dernier gâche sérieusement la fête car ce titre, tout en accords résonnant sur une rythmique enlevée, possède au départ un certain cachet.
Mais dans l'ensemble, cela reste ici un détail même si à l'avenir notre chanteur aurait tout intérêt à travailler sa voix, voire plus probablement abandonner le registre plus mélodique dans lequel il est visiblement peu performant.
Du blues allemand, eh bien oui, ça fonctionne même si la culture locale est totalement absente ici, jusque dans la langue.