Cela fait maintenant quelques années que la carrière de Bryan Adams ressemble à un long fleuve tranquille. Cette période dure plus exactement depuis 1998 et "On A Day Like Today" qui marque le début d'une série d'albums dominés par des titres calmes, résultats d'un travail d'orfèvre dont la qualité ne souffre aucune contestation, mais manquant cruellement d'une énergie communicative qui semble s'être tarie depuis "18 'til I Die" (1996). "11" (2008) étant longtemps resté sans descendance, la fin de carrière commençait même à être envisagée, seulement interrompue par quelques lives et autres compilations. L'inspiration semblait avoir définitivement fui la légende nord-américaine, son dernier opus en date ("Tracks Of My Years" - 2014) n'étant qu'un recueil de reprises dont le principal intérêt était une pochette représentant l'artiste dans ses jeunes années avec de longs cheveux que peu de fans avaient eu l'occasion de connaître.
La sortie de "Get Up!", premier album studio depuis 7 ans dont le titre semble faire référence à un sursaut souhaité par de nombreux amateurs, réveille donc l'intérêt pour cet artiste aussi discret que talentueux et attachant. Produit par Jeff Lynne (E.L.O.), il apparaît dans la lignée du retour aux sources engagé avec "Tracks Of My Years". Les références aux 60's et 70's sont légion, du premier single 'You Belong To Me', aux effluves rockabilly, au pop-rock 'Don't Even Try' semblant tiré de la discographie de Roy Orbinson, en passant par la ballade mélancolique 'We Did It All', où les chœurs du léger mais accrocheur 'Do What You Gotta Do'. Mais tout cela est loin de sentir la naphtaline, donnant plutôt la sensation d'un retour dans le passé pour le vivre en direct. Les références utilisées dans 'That's Rock And Roll' en sont un excellent exemple, citant Buddy Holly ou Elvis Presley pour un titre à la fraîcheur et à l'enthousiasme typiques de l'époque prise en référence.
Car Bryan Adams ne se contente pas de rendre un simple hommage à une époque où l'insouciance l'emportait: il la fait revivre le temps d'une grosse demi-heure, y incluant quelques titres plus classiques de son répertoire. Ces derniers y récupèrent au passage une énergie que leur auteur semblait avoir perdue depuis plusieurs années. Les bons gros rock 'Go Down Rockin' ' et 'Thunderbolt' sont d'une efficacité imparable. Quant à la ballade mid-tempo 'Yesterday Was Just A Dream', délicat équilibre à la fois mélancolique et lumineux, elle enveloppe l'auditeur de son refrain empli de douceur. Avant quatre derniers titres n'étant que des versions acoustiques de morceaux de cet album, le second single, 'Brand New Day', nous offre une dernière dose de cet élixir à l'esprit positif et enthousiaste au charme old-school avec la classe discrète du noir et blanc.
Malheureusement, une fois retirées les versions acoustiques, il ne reste que 25 minutes à se mettre sous la dent, seuls deux titres dépassant les trois minutes. Certes, la qualité est plus importante que la quantité, mais l'ensemble procure un tel plaisir qu'il aurait été agréable de le voir se prolonger de quelques morceaux supplémentaires. Au lieu de ça, la désagréable sensation d'avoir affaire à une œuvre incomplète vient gâcher le plaisir jusque là ressenti, laissant même apparaître le déplaisant soupçon d'un manque final d'inspiration. La fête était belle mais semble finalement bâclée. Après avoir fait naître de tels espoirs, Bryan Adams nous doit une confirmation complète au plus vite.