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"L'album qui permet à Bowie d'accéder au grand public … mais qui lui fait perdre ses fans de la première heure."
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3/5
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Pour la première fois depuis son premier disque en 1967, David Bowie s'accorde une pause de trois ans entre son précédent album, "Scary Monsters (And Super Creeps)", et sa nouvelle production. Si jusqu'à ce jour, il avait pratiquement tenu le rythme effréné d'une sortie annuelle, la cadence va considérablement se ralentir dans les années à venir puisqu'il produira moins d'albums sur les 30 prochaines années qu'il n'en a sortis depuis le début de sa carrière.
Entre-temps, Bowie n'est pas resté inactif, s'adonnant à son second métier d'acteur en interprétant successivement les rôles principaux dans une pièce de théâtre (Elephant Man) et un film (Furyo). Accessoirement, il a changé de maison de disques en passant de RCA à EMI. Relation de cause à effet ? En reprenant le chemin des studios, le chanteur change également de producteur, se passant des services du fidèle Tony Visconti pour s'adjoindre ceux de Nile Rodgers (Chic). Pas sûr que le public ait gagné à ce changement qui se traduit par une approche radicalement différente.
Car après les expérimentations souvent sombres des albums précédents, mais ô combien riches, Bowie a décidé de revenir à une musique plus pop(ulaire), plus légère que la production de Nile Rodgers va transformer en chansons pour dancefloors branchés. Peu importe la mélodie d'origine, Rodgers lui applique de façon systématique et impitoyable le même habillage : une bonne couche de guitares rythmiques, beaucoup de chœurs mielleux et surtout une batterie métronomique, répétitive jusqu'à la nausée, mixée très en avant pour donner une impression de dynamisme à l'ensemble. Au point que les titres qui s'enchainent ont tous l'air de se ressembler, engoncés dans le même uniforme.
Devant cet orchestre de bal d'où la guitare de Stevie Ray Vaughan a bien du mal à s'extirper dans quelques maigres solos, Bowie tient le "simple" rôle de chanteur. Pour la première fois, il ne joue en effet d'aucun instrument. Avec le temps, le chanteur a mûri et son interprétation est souvent remarquable. 'Modern Love', 'China Girl' ou 'Cat People' (titre-thème de la BO du film éponyme) le voient très investi et capable de nous délivrer de ces fêlures si savoureuses dont il a le secret. Et si on peut regretter qu'il revienne au maniérisme susurré de la période "Young Americans" sur 'Without You' et 'Shake It', deux chansons à oublier bien vite, il est irréprochable sur 'Let's Dance', un titre qu'on ne présente plus. Existe-t-il un être humain qui ait pu échapper à son refrain entêtant ?
Car avec cet album, David Bowie va changer de catégorie : bien que déjà célèbre et acclamé de la critique, il va pour la première fois toucher le grand public, celui qui ne patiente pas plus de deux minutes avant de rejeter une chanson s'il n'arrive pas à la fredonner ou à taper des mains dans ce court délai. Une subite notoriété qui va lui faire perdre ses repères au point qu'il sera difficile de croire que les deux albums suivants sont de lui.
Mais n'anticipons pas ! Si sur la pochette Bowie est représenté en boxeur, c'est son ancienne fan base qui est sonnée, mais pas encore KO. "Let's Dance" recèle quelques titres fort bien troussés, dommage que la monochromie de la production finisse par dégager une impression de longueur confinant à l'ennui.
Plus d'information sur
http://www.davidbowie.com/
LISTE DES PISTES:
01. Modern Love (04:46) 02. China Girl (05:32) 03. Let's Dance (07:37) 04. Without You (03:08) 05. Ricochet (05:12) 06. Criminal World (04:24) 07. Cat People (Putting Out Fire) (05:09) 08. Shake It (03:49)
FORMATION:
Bernard Edwards: Basse (4) Carmine Rojas: Basse David Bowie: Chant David Spinner: Choeurs Frank Simms: Choeurs George Simms: Choeurs Lenny Pickett: Saxophone Ténor, Flûte Mac Gollehon: Trompette Nile Rodgers: Guitares Omar Hakim: Batterie Rob Sabino: Claviers Robert Aaron: Saxophone Ténor, Flûte Sammy Figueroa: Percussions Stanley Harrison: Saxophone Ténor, Flûte Steve Elson: Saxophone Baryton, Flûte Stevie Ray Vaughan: Guitares Tony Thompson: Batterie
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(2) AVIS DES LECTEURS
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J'ai beau être intimement captivé par la méthode Bowie, son vocal inimitable, son audace de compositeur, sa façon d'habiller le rock en ovni musical décalé qui tombe si bien dans l'oreille, il n'y a que 2 albums dans la discographie qui m'auront fait complètement chavirer : l'inoubliable "Ziggy Stardust" (We've got five years !!!) et l'honteusement disco-pop fashion "Let's Dance". Oui c'est vrai, Bowie passe à la disco, et pour les fans de la première heure, je conçois tout à fait que le choc ait pu être difficile à encaisser. De mon côté, j'ai découvert Bowie avec cet album, et j'ai fait ensuite le chemin à l'envers : à l'image de l' "Invisible touch" génésien, je n'ai jamais guéri de l'explosif "Let's Dance" (alors que nombre d'albums de divers artistes rock, pop ou new-wave, m'ayant séduit à la même époque, ont été laissés le long du chemin des années filantes).
'Modern love' dégage une énergie démoniaque, surréaliste, qui refait surface à chaque fois que je le réécoute. Son saxophone est hallucinant, encore aujourd'hui j'ai l'impression qu'il n'y a que celui là pour sonner de cette manière... 'China girl' captive tout autant, sur une méthode plus hypnotique, et semble parcourir le mystère oriental tout au long d'une tirade pop moderniste 100% occidentale... M. Bowie, quelle est la recette ? She says... chhhhh...
Effectivement, inutile de présenter le titre suivant, qui donne son nom à l'album. Sa tonalité est assez différente de celle des deux précédents, et pourtant, l'alchimie fonctionne à merveille. Aucune rupture émotionnelle... à peine croyable ! Et le vocal de Bowie, à tomber par terre. If you say run... I run with you! Le temps semble se suspendre au titre éponyme, qui se remixe sur lui-même, qui joue à tourner autour du gimmick de son refrain, à le retenir, à le discoïfier... Certains en auront la nausée, sans doute...
Passé l'avalanche de ce pop-rock débordant de talents accrocheurs, petite pause hallucinogène avec le vaporeux 'Without you', permettant à Bowie de démontrer, si c'était encore nécessaire, qu'en tant que chanteur il sait réellement tout faire. Et puis on repart aux postes de combat avec l'impérieux 'Ricochet' et ses voix radio transmises, qui semble imperturbablement préparer ses munitions, au fond de je ne sais quelle soute métallisée, pour torpiller je ne sais quel navire ennemi égaré. Le 'Criminal world' qui suit viendrait-il confirmer cette impression, avec son air débonnaire mais résigné, insouciant mais fataliste, et sa tirade de guitare qui se décline en deux nappes, l'une mélodieuse, et l'autre désincarnée ?
Alors d'accord, le 'Shake it' qui clôture la galette est un peu léger et gentillet par rapport à tout ce qui a précédé (même s'il fleure bon le "Labyrinthe" de Jim Henson, qui sortira 3 ans plus tard) mais 'Cat People' réserve encore bien des saveurs, au premier rang desquelles le vocal dévastateur de Bowie, encore une fois, qui n'en finit plus d'ensorceler les oreilles. Et impossible de s'en lasser.
"Let's Dance", c'est la marmite de potion magique : si on est tombé dedans, les effets sont permanents. Tant pis pour l'insolence commerciale : elle est bien là... mais comme Doc Emmett Brown, ben, je m'suis dit, on s'en balance !
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Un disque que j'ai détesté à l'époque tant Scary Monsters m'avait enchanté, mais il faut reconnaître que le Bowie Caméléon flirtant avec le disco avait encore frappé fort. Par contre je le trouve plus agréable ayant pris un peu d'âge (l'album ;-).
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(0) COMMENTAIRE(S)
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LECTEURS:
2.8/5 (5 avis)
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STAFF:
3.5/5 (6 avis)
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