Encore un projet signé Frontiers qui nous est proposé aujourd'hui ! Décidément, Serafino Perugino, directeur du label italien, s'est fait une spécialité de réunir des noms célèbres sortis tout droit des années 80 afin de les faire bosser ensemble. Ici, ce sont Craig Goldy et Vinny Appice que nous retrouvons respectivement à la guitare et la batterie, les deux mélomanes ayant eu la particularité de travailler ensemble sur le "Dream Evil" de Dio (1987). Sean McNabb (House Of Lords, Great White...) à la basse et Chas West au chant viennent compléter ce line-up pour le moins alléchant.
Si cette idée de super-groupe peut parfois amener de très bons résultats (Nordic Union, pour donner un exemple récent), le principe peut s'avérer particulièrement lassant à la longue, surtout que ces albums sont généralement dépourvus de suite et ne sont pas défendus sur scène par leurs géniteurs, donnant l'impression de musiciens jouant les mercenaires plus que d'un véritable esprit de groupe.
Toutefois, il faut avouer que ce "Resurrection Kings" démarre sous les meilleurs auspices. La première partie de l'album est même particulièrement réussie : 'Distant Prayer' est une entame accrocheuse qui nous emmène vers les terrains explorés par le duo Sweet & Lynch (encore une création de Frontiers, tiens !) et 'Living Out Loud' possède un refrain carnassier qui pourrait parfaitement s'intégrer sur un album de Whitesnake. Tout cela sonne très 80's donc, mais la production est soignée, ce qui n'est pas toujours acquis d'avance, même en 2016... 'Wash Away' et 'Who Do You Run To' poursuivront sur cette même lancée, à savoir des titres pas vraiment originaux mais bien exécutés et agréables.
Une fois passée 'Fallin For You' et ses 6:30 un peu ennuyeuses ainsi que la ballade de rigueur - pas forcément désagréable - 'Never Say Goodbye', le problème majeur de cet album pointe le bout de son nez. En effet, tout sonne de façon somme toute sympathique à l'oreille depuis le début, les musiciens sont très bons, incontestablement... Mais on commence à s'ennuyer poliment à partir de 'Path Of Love', en se disant que le mode pilotage automatique est clairement activé. Si certains groupes arrivent à s'extraire du lot tout en pratiquant une musique que l'on a déjà entendue auparavant, c'est avant tout parce qu'ils possèdent ce supplément d'âme qui fait cruellement défaut ici. La deuxième partie du disque se laisse donc écouter tout en étant loin de provoquer l'hystérie, et le voyage s'achève sur 'What You Take' sans que l'on retienne vraiment un titre en particulier à l'issue de ces 53 minutes.
Pour conclure, voilà un simple album "de plus", serait-on tenté de dire. Le constat est un peu sévère, car Resurrection Kings possède objectivement des qualités qui l'empêchent de tomber dans la médiocrité (production irréprochable, sens de la composition...). Malheureusement, ce projet est la preuve que réunir des grands musiciens ensemble n'aboutit pas forcément à sortir un grand disque.