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"L'album le plus difficile d'accès de Bowie, mais pas le moins intéressant."
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3/5
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"1. Outside" est un disque qui célèbre les retrouvailles de David Bowie et Brian Eno. Les deux hommes avaient collaboré, on s'en souvient, sur la trilogie berlinoise ("Low", "Heroes", "Lodger"), délivrant des albums inventifs qui ont forgé en partie la réputation du chanteur anglais, même si celui-ci a prouvé depuis fort longtemps qu'il avait de nombreuses cordes à son arc.
Autre retour vers son passé, le disque renoue avec la notion de concept album que Bowie n'avait plus utilisé depuis "Diamond Dogs" (1974). La trame raconte sous forme d'enquête la recherche de l'assassin d'une jeune fille, Baby Grace Blue, victime d'un "Art-Crime", un courant artistique qui considère le meurtre comme une forme d'art. Pour une fois, Bowie s'en tient à son concept tout au long des 19 titres de l'album, même si la narration non linéaire n'en permet pas une compréhension aisée. Le "1" qui précède "Outside" indiquait l'intention de David Bowie de lui donner une suite, l'album devant être la première des cinq parties d'un "hyper-cycle dramatique gothique non linéaire". "Outside" demeurera cependant fils unique d'une idée qui, énoncée de la sorte, paraissait bien pompeuse.
Pourtant le résultat est loin d'être aussi prétentieux que ce que pouvait laisser supposer le concept. Cependant, il est prudent de se débarrasser de ses préjugés avant de se livrer à l'assaut de cet album complexe. Bowie le caméléon a si souvent changé de style qu'on ne sait jamais trop à quoi s'attendre. Ceux qui espéraient un retour d'Aladdin Sane ou du Thin White Duke ("Station to Station") seront déçus, tout comme ceux qui pensaient se déhancher sur un rythme dansant à la "Let's Dance" ou "Tonight". Présence d'Eno oblige, c'est bien du côté de la trilogie berlinoise et de son succédané "Scary Monsters" qu'il faut porter le regard.
"Outside" renoue avec la veine expérimentale et le ton froid d'un "Low", mais en plus âpre, en plus définitif, en lui associant la diversité d'un "Lodger". Avec en prime le piano de Mike Garson qui ruisselle de notes comme jetées au hasard sur de nombreux titres, faisant passer le solo sur 'Aladdin Sane' pour une fugue de Bach. Souvent, le duo Bowie/Eno associe un piano aérien, qui se refuse à jouer une quelconque mélodie mémorisable, à des percussions présentes et répétitives, mais nettement moins soûlantes que sur les albums précédents, la production évitant un mixage trop en avant et le jeu étant beaucoup plus syncopé. Les autres instruments (guitares, claviers, sax) servent essentiellement à construire un fond sonore de notes étirées.
On peut regretter que Bowie se contente la plupart du temps de chanter à l'économie, d'une voix monocorde, usant trop peu du charme de ses graves et de la sensibilité de ses aigus. Néanmoins, il prouve qu'il n'a rien perdu de son charme sur des titres tels 'Outside', 'The Motel' ou 'I'm Deranged'. Mais "Outside" n'est pas le disque d'un chanteur, c'est une œuvre bizarre au concept complexe et torturé, à l'approche délicate, qui nécessite d'avoir le goût de la découverte, de l'étrange et de se concentrer sur son écoute. Ainsi l'introduction angoissante ('Leon Takes Us Outside'), les plages parlées (les cinq 'Segue'), incompréhensibles si on les isole du reste, prennent tout leur sens dans l'écoute de l'album comme un tout indissociable et non pas comme une succession de chansons indépendantes. Un principe qui est commun aux adeptes du rock progressif mais moins habituel pour le rock tout court.
Ce n'est qu'au prix de cet effort qu'on peut espérer trouver la clef de cet album assurément déstabilisant, résolument expérimental, parfois austère, avare de moments mélodiques mais innovant, audacieux, riche de nombreux effets, modulations vocales ou saillies de divers instruments. Il parvient à dégager une ambiance de noirceur et de folie. "1.Outside" est probablement l'album le plus difficile d'accès de Bowie, mais pas le moins intéressant.
Plus d'information sur
http://www.davidbowie.com/
LISTE DES PISTES:
01. Leon Takes Us Outside (01:25) 02. Outside (04:04) 03. The Hearts Filthy Lesson (04:57) 04. A Small Plot of Land (06:34) 05. (Segue) – Baby Grace (A Horrid Cassette) (01:39) 06. Hallo Spaceboy (05:14) 07. The Motel (06:49) 08. I Have Not Been to Oxford Town (03:47) 09. No Control (04:33) 10. (Segue) – Algeria Touchschriek (02:03) 11. The Voyeur of Utter Destruction (as Beauty) (04:21) 12. (Segue) – Ramona A. Stone / I Am With Name (04:01) 13. Wishful Beginnings (05:08) 14. We Prick You (04:33) 15. (Segue) – Nathan Adler (01:00) 16. I'm Deranged (04:31) 17. Thru' These Architect's Eyes (04:22) 18. (Segue) – Nathan Adler (00:28) 19. Strangers When We Meet (05:07)
FORMATION:
Brian Eno: Synthétiseurs, Traitements Bryony Edwards: Choeurs (3,12) Carlos Alomar: Guitare Rythmique David Bowie: Chant / Guitares / Claviers / Saxophone Erdal Kizilcay: Basse / Claviers Joey Baron : Batterie Josey Edwards: Choeurs (3,12) Kevin Armstrong: Guitare (17) Lola Edwards: Choeurs (3,12) Mike Garson: Piano Reeves Gabrels: Guitares Ruby Edwards: Choeurs (3,12) Sterling Campbell: Batterie Tom Frish: Guitare (19) Yossi Fine: Basse
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(2) AVIS DES LECTEURS
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Il est toujours un peu déstabilisant de découvrir, plus de 20 ans après sa sortie, un album considéré comme expérimental, novateur ou avant-gardiste à son époque. On en retire comme une impression de décalage décalé (ou rattrapé par le temps). Ce qui n’altère en rien mon adhésion à la chronique : pour résumer cet album complexe en quelques mots, il est en effet possible de le qualifier d’austère, dérangeant, audacieux, noir, et également peu harmonique ou mélodique. Le titre éponyme annonce très vite la couleur : the music is outside… sur une tonalité et une intensité qui pourtant captivent l’oreille aussitôt. L’unité rock de l’ensemble est aussi évidente que les atmosphères sont multiples : 'The Hearts filthy lesson' et 'Hallo Spaceboy' sont nerveux, agressifs, accrocheurs. Le premier aurait pu être chanté par Peter Gabriel, et s’insérer sans problème dans le répertoire de "Up" par exemple. 'A small plot of Land' est intestinal, avec un vocal désincarné, et sans cheminement rythmique ou mélodique ; et pourtant, Bowie parvient à lui insuffler quelque chose d’étrange et obsédant, telle une célébration occulte qui n’avouerait pas vraiment sa nature. 'The Motel' est planant et dégouline de dramaturgie torturée, 'No Control', 'The Voyeur of Utter destruction' ou 'I’m deranged' imposent une tension spirituelle insaisissable (menaçante ou stimulante, vous êtes seul juge), alors que 'I have not been to Oxford town', 'Thru’ these architect’s eyes' et à moindre mesure 'We prick you' versent quasiment dans le festif.
En dépit ou grâce à tout ce monde là, l’édifice tient bien sur ses fondations psychédéliques et venimeuses, mais l’album est long, très long, et Bowie aurait peut-être pu nous épargner les interludes des 'Segue' qui finissent par saper la patience auditive. Sauf à tenir absolument au concept, qui nécessite pour sa compréhension de ne rien perdre du fil conducteur vocalo narratif. Pour ma part, je n’ai pas cherché plus que cela à m’engager dans les méandres des lyrics.
La conclusion paradoxale est la nécessité d’écouter plusieurs fois ce programme tortueux, en dépit de sa longueur assommante, pour parvenir à la conscience de son potentiel inventif. Si je l’avais découvert en 95, j’aurais peut-être pu me laisser aller à la 4ème étoile (I was deranged, à l'époque ! ;-) ).
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Un album courageux et original. Bowie renoue avec la trilogie berlinoise mais ose aller encore plus loin. On retrouve quelques unes de ses meilleures compositions dans cet album (Outside, I'm deranged, Thru this architect's eyes...), certaines serviront même de bande son pour des films sombres et expérimentaux plus ou moins réussis (Seven, Lost Highway). Dommage qu'il n'y ait pas eu de suite mais avec Bowie, on ne sait jamais...
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LECTEURS:
4.7/5 (3 avis)
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STAFF:
3.8/5 (6 avis)
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