Les
problèmes de line-up et de management que connut Praying Mantis au
moment où les derniers feux de la NWOBHM s'éteignirent lui furent
fatals. Trois ans plus tard, les frères Troy formèrent - avec l'aide
du regretté Clive Burr (batteur d'Iron Maiden et de Trust) - un
nouveau groupe dénommé Stratus. L'album sortit dans l'anonymat
général et il fallut attendre 1990 pour que la Mante Religieuse
fasse à nouveau claquer ses mandibules. Sur scène tout d'abord avec
à son bord Paul Di'Anno et Dennis Straton (les prédécesseurs de
Bruce Bruce et d'Adrian Smith chez la Vierge de Fer), puis sur disque
en 1991 avec "Predator In Disguise", opus dont il est ici question.
Dix
ans après ses premiers méfaits, l'insecte revient cette année-là
nous proposer un bel album de hard mélodique pour lequel Rodney
Matthews sort à nouveau ses pinceaux enchantés, ce dont il
convenait de profiter puisqu'il ne réapparaîtra aux côtés des Britanniques qu'en 2015 avec l'album "Legacy". Stratton est toujours de
la partie mais Di'Anno s'en est allé vers d'autres horizons.
Nous
aurions pu attendre de cette reformation, via un copier/coller simpliste, un recours aux mêmes vieilles recettes que celles qui
avaient fait le glorieux passé des Anglais. Mais ces derniers
choisissent d'y ajouter avec générosité des ingrédients purement
AOR par l'entremise de mélodies radio-friendly et de synthés
omniprésents que soutiennent systématiquement les riffs des
six-cordes. Du coup l'impression ressentie est fort différente. Exit
les senteurs de la NWOBHM, bienvenue aux sonorités plus
commerciales, le hard FM n'est pas loin et Asia, parfois, non plus.
Changement
de style donc, mais le savoir-faire est toujours là. Mélodiquement
parlant, cet album est vraiment réussi, jusqu'aux trois
ballades et au remarquable instrumental "Horn". Mis à part un "She's
Hot" particulièrement raté - est-ce une constante de placer en deuxième titre le
point faible de l'opus chez Praying Mantis ? - il n'y a rien à
jeter dans ce "Predator In Disguise".
Cet
album méconnu de la bestiole verte mérite donc que vous remontiez
le temps pour vous en imprégner. Si vous êtes accro au hard FM,
vous y reviendrez ensuite à plus d'une occasion. L'opus n'ayant pris
aucune ride, vous n'avez aucun risque de trouver son approche
musicale désuète. Certains groupes de hard rock mélodique
d'aujourd'hui sonnent en effet bien plus vieillot que ce deuxième effort de Praying Mantis qui date pourtant de vingt-quatre ans...