Deux ans après "A Cry For The New
World", Praying Mantis revient aux affaires avec un nouveau chanteur
dans ses bagages, le précédent ayant résisté un seul album. Il y
a décidément des hésitations sur le sujet depuis la naissance du
groupe. Le petit nouveau ayant déjà un nom, on peut imaginer qu'il
a plus de chances, vu son pedigree, de s'ancrer dans la durée que
son prédécesseur. Sorti tout droit de chez MSG, Gary John Barden
s'installe donc derrière le micro de la Mante Religieuse sur ce "To
The Power Of Ten".
Le virage constaté sur "A Cry For The
New World", à savoir un retour aux sources de la NWOBHM* et un
abandon des sonorités AOR, a fait long feu. Les twins guitares de
Tino Troy et de Dennis Stratton s'en donnent toujours à cœur joie
et les propos demeurent énergiques, mais un certain éparpillement
saute aux oreilles. Le groupe ne sait pas sur quel pied danser et
nous propose une sorte de melting-pot des sous-genres. On reste dans
le hard rock mélodique, mais les directions velléitaires varient.
Ce ne serait pas forcément chagrinant si la qualité des morceaux ne
fluctuait pas concomitamment.
Ainsi, on passe d'un 'Don't Be Afraid Of
The Dark' extrêmement porteur dans la veine de ce qu'offrent
habituellement les Anglais, à un 'Bring Of The Night' sympathique et
fleurant sévèrement MSG, mais au chœurs AOR désuets, puis à un
'Bail Of Confusion' tourné moitié vers les 70's, moitié vers Def
Leppard, mais carrément ennuyeux, débouchant sur un énorme 'Welcome
To My Hollywood' au diapason du premier titre, mais à l'élan
ralenti par la ballade - médiane de l'album - qui suit, un 'Another
Time, Another Place' qui ne sort pas du rang.
A sa suite nous trouvons le titre
éponyme de l'opus qui mérite la médaille du pire morceau de
l’œuvre, son rythme saccadé et sa mélodie scandée à deux
balles sont insupportables et on a hâte de passer à 'Little Angel'
qui, d’obédience trop rock, rate la marche. Heureusement 'Victory'
et son look très Styx, 'Night And Day' où on retrouve MSG et surtout
le tubesque 'Only The Children Cry' viennent remonter le moral à
l'auditeur, qui finira par baisser les bras à l'écoute du morceau
final, un 'Angry Man', sonnant rock des 60's sur ses couplets et qui ne
trouvera grâce que sur ses refrains encore une fois très MSG.
A peine une moitié d'album affriolante,
l'insecte vert ne nous avait pas habitué à ça. Le combo n'a trouvé
aucune ligne de conduite dans cet opus trop disparate et aux
nombreuses mélodies étonnamment ratées. Praying Mantis a donc ici
péché là où il excellait. Nous lui pardonnerons cette errance au
vu du parcours sans faute opéré jusque-là, mais quelle déception !
* New Wave Of British Heavy Metal