Han Uil n'est certainement pas inconnu pour les amateurs de neo-prog qui ont suivi l'actualité de ces dernières années. Le Hollandais, chanteur d'Antares (2001) et Seven Day Hunt (2008), est le compositeur du projet TumbleTown en 2013 dont les qualités de l'album "Done With Coldness" furent analysée et saluées sur Music Waves. En solo, le musicien privilégie ses appétences originelles dirigées vers le rock-folk plus classique. Après "Alone" en 2006 et "Dark In Light" en 2010 c'est sur le troisième album du Han Uil rockeur que notre attention est portée aujourd'hui.
Pour ce "Lawless Local Heroes" le chanteur-guitariste est accompagné par quatre musiciens de la sphère progressive hollandaise avec le batteur de Delain Sander Zoer, les claviers de Erik Laan (Silhouette) et les guitares d'Aldo Adema, son compère de Seven Day Hunt et TumbleTown. "Lawless Local Heroes" propose 12 morceaux de rock et folk très différents les uns des autres, qui ont tous en commun un rapport plus ou moins direct avec le blues dans des rendus aussi bien vintage que modernes.
Han ne cache pas ses influences et s'en nourrit pour composer une musique instantanément effective à la signature personnelle et aux multiples charmes dans une grande variété de tempi et d'ambiances. Les passages les plus enlevés font directement référence à Dire Straits, Eric Clapton ou Eric Johnson ('What To Do?', 'Little Stripper Girls', 'Ring Thing'), et ceux qui résonnent de manière plus folk rappelleront les maîtres du genre tels Bob Dylan et Neil Young ('A Never Ending Storm', 'I'm So Glad'). Un cachet d'authenticité est savamment entretenu par l'intermédiaire de claviers aux sonorités vintage et d'instruments qui donnent cette coloration immédiatement reconnaissable (harmonica, saxophone, accordéon).
Au milieu des morceaux à l'approche plutôt traditionnelle, "Lawless Local Heroes" offre quelques compositions plus originales et contemporaines, dans un style qui peut faire penser au travail de David Bowie ('The Two Of Us' et le dernier tiers du disque). Dans celles-ci, les ambiances étranges et les légères dissonances sont créatrices de mélodies aux charmes envoûtants et représentent certains des meilleurs moments de l'album. Les performances d'Han le chanteur participent de cette démarche de sincérité et de simplicité en se concentrant sur des intonations plutôt neutres, évitant ainsi les excès irritants qui avaient été pointés sur d'autres travaux. Le guitariste, quant à lui, fait montre d'un toucher à la grande fragilité et s'inscrit dans l'héritage indépassable de Jeff Beck. Les soli qu'Han Uil prend tout au long de l'album sont des instants de magie et d'échanges émotionnels très délicats.
"Lawless Local Heroes" possède le charme des albums anglais d'une époque
chérie par de nombreux nostalgiques sans s'y laisser enfermer. Hormis quelques réserves sur le chant, ce troisième album solo d'Han laisse une plaisante impression et séduit par ses mélodies qui s'enracinent durablement dans la mémoire. Difficile de rester de marbre à l'écoute de ce bel album sans prétention technique et qui met au premier plan les qualités d'écriture d'un artiste aux larges influences.