Groupe fondé en 2001 par Tom Jarzina (ancien batteur de Chandelier qui a depuis quitté la formation), et après un premier album passé relativement inaperçu (sauf dans ces colonnes !) en 2007, Elleven nous propose en 2015 son deuxième effort, publié sous la bannière du label en vogue du moment, Progressive Promotion.
Avec 'Try', "Transfiction" démarre sur les chapeaux de roue en proposant un néo-progressif dynamique, porté par des guitares tranchantes soutenues par des claviers cosmico-planants, sur lesquels vient se poser la voix féminine de Julia Graff, dont le timbre rappelle par moment celui d'Heather Findlay. Musicalement, Eloy n'est pas très loin, tant dans les ambiances développées que dans les sonorités caractéristiques des cousins allemands. Pourtant, très rapidement, de sérieux problèmes de justesse, notamment dans les refrains à plusieurs voix, viennent entacher la prestation vocale et perturber l'écoute de ce premier titre entraînant pourtant diablement bien construit.
Et cette dichotomie entre une instrumentation abondante et puissante et la voix de sa chanteuse qui est à la peine dès lors qu'elle doit forcer pour se mettre au niveau va malheureusement se poursuivre tout du long de la galette, les parties instrumentales renforçant encore un peu plus le contraste. Car l'air de rien, les huit compositions présentes sur "Transfiction" tiennent correctement la route, marchant dans les pas de Landmarq, voire de Mostly Autumn pour les titres plus calmes ('Sakura Tree', 'Losing Tracks').
Alternant les parties musclées au cours desquelles les guitares s'en donnent à cœur joie avec quelques soli bien sentis et les passages plus éthérés, Elleven construit un univers plutôt prenant, déroulant une qualité mélodique au service de codes néo-progressifs certes plutôt convenus, mais suffisamment variés et bien réalisés pour maintenir une attention presque constante, malgré la longueur de la galette (plus d'une heure).
Synthèse de tous ces éléments, l'epic 'Dust and Light' nous renvoie tout droit aux années 90's, celles où l'excellent néo-progressif côtoyait des galettes ratées dans les grandes largeurs. Sans tomber dans cet excès, ce titre nous propose 9 minutes excellentes, au sein desquelles sont intercalées deux minutes bien mièvres, comme une confirmation du potentiel d'Elleven, hélas gâché par quelques travers qui empêche cette galette de se retrouver tout en haut du panier.
En effet, autant être franc et direct pour notre conclusion : imaginons un instant une Tracy Hitchings ou une Heather Findlay à la tête de ce groupe, et la note posée en bas de cette chronique prendrait un voire deux points supplémentaires.