Même à leur apogée pendant les années 80, le hard mélodique et son cousin glam n'ont jamais réellement cartonné dans l'hexagone. Quelques titres passaient bien sur les ondes FM, mais la plupart des groupes se contentaient d'une ou deux dates en France lors de leurs tournées, quand ils n'évitaient pas carrément notre pays. Alors que ce style musical reprend du poil de la bête, en particulier sous l'impulsion de nombreuses et talentueuses formations scandinaves, voilà que quelques groupes semblent vouloir profiter de l'impulsion donnée par les Parisiens de Blackrain. En provenance de Nancy débarquent les très jeunes membres de Drenalize, combo au nom inspiré de la discographie de Def Leppard et au look jean et basket.
Bien que se réclamant des léopards de Sheffield, de Bon Jovi et de Aerosmith, les influences qui sautent aux oreilles au début de l'écoute de ce premier opus viennent directement du nord de l'Europe. De Suède tout d'abord avec une intro instrumentale portée par une guitare aérienne ('Ignition') directement suivie par un énergique 'Point Of No Return', soit exactement le lancement réalisé par H.E.A.T. sur son "Tearing Down The Walls". Certes, le titre des Suédois est plus puissant et les mélodies ne sont pas vraiment ressemblantes, mais l'opération est osée. Pourtant, le quintet s'en sort bien, en particulier à la faveur d'une production claire laissant respirer chaque instrument, mais surtout grâce à une paire guitaristique de très haut niveau offrant de nombreux soli à la fois véloces et mélodiques. La fraîcheur du titre éponyme doté d'un refrain accrocheur, ou le nerveux 'Let's Get Adrenalize' sont autant de moments qui auraient pu être imparables si le chant n'était pas légèrement handicapé par un accent français qui n'est heureusement pas rédhibitoire.
Le principal problème vient surtout d'une identité qui n'est pas encore assumée, restant trop collée aux influences. Car si un titre comme 'Crazy For Your Love' fait fortement penser à Reckless Love, les Finlandais sont carrément clonés sur un 'Hot Shaking Night' qui reprend la structure de 'Hot' ("Animal Attraction" - 2011) et fait plus que s'inspirer du refrain, du break et même du solo de ce titre. Quant à 'I'll Be There For You' et 'Kick Your Hearts Out', ils ressemblent à des démos de 'Every Rose Has Its Thorn' et 'Fallen Angel' de Poison ("Open Up And Say... Ahh!" - 1988), à la différence notable que la ballade est ici dotée de paroles flirtant avec la niaiserie. Ce dernier défaut est d'ailleurs renouvelé sur un 'Can't Stop My Heart' mid-tempo aux sonorités leppardiennes.
Malgré ses défauts de jeunesse, "Destination Everywhere" n'en reste pas moins une bonne surprise, compensant son manque d'originalité par une énergie et un enthousiasme communicatifs et sincères. Cet opus révèle également un potentiel grâce auquel le jeune quintet devrait pouvoir remédier rapidement aux quelques faiblesses qui handicapent ce premier album. C'est en particulier le cas au niveau du chant qui a encore tendance à abuser de passages démonstratifs inutiles étant donné sa qualité globale. Quant aux paroles, même si ce style musical ne s'est jamais montré d'une grande profondeur en la matière, un petit effort reste cependant nécessaire pour éviter quelques niaiseries que le jeune âge de ses auteurs permet encore d'excuser.