Le premier album de Standing Ovation avait été une très agréable surprise, pleine de créativité, de qualité instrumentale, mélodique et dotée d'une très belle production. Succéder à ce quasi sans-faute et surtout creuser son sillon vers une reconnaissance qui peine à aboutir, tel est le pari de ce "Gravity Beats Nuclear".
Pour atteindre cet objectif, Samuli Frederley remplace Anti Kukkonen pour accompagner Joahnnes Kurvinene à la six-cordes. Sinon, la recette reste globalement la même avec une aisance technique assez remarquable qui ne tombe jamais dans la démonstration stérile. Le point fort de ce sextet finlandais résidant dans une diversité et une inventivité impressionnantes, nous ne sommes pas surpris par la variété des teintes qui illuminent les différents titres. Ainsi, après un "23+23" très classique dans un registre néo-prog, la déferlante 'Permafrost', mélodique et sagement structurée installe l'auditeur dans un environnement d'un confort cerclé d'habitudes, servi par un refrain accrocheur. Viennent ensuite des morceaux plus variés mais globalement véloces qui rappellent les impressions de l'album précédent, les passages un peu délirants de 'Hellbillies' évoquant de bons souvenirs.
'Fool's Parade', dans une veine similaire, parvient à maintenir notre curiosité en éveil avec son introduction à la Trans-Siberian Orchestra et ses envolées de piano dans lesquelles on peut s'étonner de la capacité de Jouni Partanen à ne jamais reprendre son souffle. Les moments de valse foraine ou carnavalesque, à la A.C.T., les vocalises et les mesures épurées parfois d'une lourdeur inquiétante nous font passer par tous les états de fascination théâtrale et grandiloquente.
L'autre pièce majeure, par sa durée de 18 minutes, est 'Lifeline' qui se prélasse dans un style metal prog plus classique. Sa justesse, sa précision et un certain classicisme rendent ce titre plus immédiat mais d'une grande efficacité. Les développements peuvent rappeler Dream Theater mais la personnalité caractéristique des Finlandais parvient à percer à plusieurs reprises tout en conservant d'évidentes références aux monstres du néo-prog ou du metal progressif. Sur les trois derniers titres, la musique navigue entre rythmiques syncopées ('The Great Attractor'), un délire évoquant le 'Vol du Bourdon' de Rimsky-Korsakov appliqué à une petite souris ('Run Little Mouse Run') et ballade intemporelle et existentielle ('I Am').
Doté d'une personnalité bien trempée servie par une aisance technique et mélodique ainsi qu'une grande diversité, Standing Ovation signe un deuxième album plus abouti que son prédécesseur, doté de la même faconde et des mêmes petits défauts, comme le manque de coffre du chanteur et une production un peu trop propre et sage. Ces menus travers ne doivent toutefois pas empêcher d'aller à la découverte de ce très bon groupe par l'entremise de ce "Gravity Beats Nuclear" de premier plan.