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"Après plus d'une décennie plutôt décevante en termes d'inspiration et de créativité, Dream Theater abandonne enfin ses influences récentes, allant de Metallica à Muse, et nous revient avec un double-album pleinement réussi qui ravira les inconditionnels de la période qui gravite autour des années 2000."
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5/5
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Jamais Dream Theater n'aura élaboré une campagne de promotion aussi mystérieuse pour un album. "The Astonishing", dont les détails ont été révélés au compte-gouttes, se présente sous la forme d'un double disque conceptuel mythico-héroïco-science-fiction de 2h10 qui rappelle les grandes sagas comme Star Wars, Le Seigneur des Anneaux ou Dune. L'histoire, véritable scénario écrit par John Petrucci, se déroule dans un futur éloigné, totalitaire et déshumanisé à l'orée d'une révolution par la musique et conte les aventures de huit personnages répartis dans deux camps antagonistes, le "Great Northern Empire of the Americas" et la milice rebelle "Ravenskill Rebel Militia". Le point sur le concept étant fait, en veillant à ne pas en dévoiler les principaux faits, qu'en est-il de la musique?
"The Astonishing" est une œuvre dense et ambitieuse à la double dimension opéra-rock créée par une formation plus tournée vers sa fertile période "SFAM" et "SDoIT" que ses récentes préférences metalo-thrash. Le contenu mélodique très diversifié facilite l'immersion via de nombreux mid-tempi aux modalités plutôt rock ('Hymn Of A Thousand Voices' aux accents médiévaux, 'When Your Time Has Come') ou mélancoliques ('The X Aspect', 'Begin Again') dont certains paroxysmes hantés de chœurs cérémoniels frisent parfois l'emphase ('Losing Faythe', 'Chosen' et 'Astonishing'). Ces morceaux aux métriques modérées côtoient d'autres titres plus polymorphes mélangeant la fragilité, l'énergie et la dramaturgie (le vintage et groovy 'A Life Left Behind', 'A Tempting Offer' et le sombre 'The Path That Divides'). Les passages plus heavy et les séquences instrumentales virtuoses, dont le deuxième acte est particulièrement bien garni ('Moment Of Betrayal', 'The Walking Shadow', 'The Gift Of Music' et le très cuivré 'A New Beginning'), ne basculent jamais dans la stérile démonstration et sont intelligemment distillés pour ne pas bousculer les harmonies porteuses de beaucoup de solennité et de pesanteur.
La densité symphonique de "The Astonishing", très équilibrée dans son association avec les tonalités digitales des claviers et la forte présence d'instruments aux sonorités organiques comme le piano, l'orgue et la guitare acoustique, nourrit la totalité de l'œuvre et lui confère ses résonances classiques et romantiques ainsi que son caractère épique. Le rôle de Jordan Rudess dans les harmonisations (brillamment transcrites par le chef d'orchestre David Campbell) et aux claviers est majeur, reléguant presque les guitares de Petrucci, qui se fend de superbes soli par ailleurs ('A Better Life' et la superbe fin de 'A New Beginning'), aux seconds rôles. Augmentant sa profondeur cinématographique et visuelle, l'album est séquencé comme un enchaînement de plans dans lequels le scénario fait irruption à de nombreuses reprises sous la forme de saynètes sonores aux connotations guerrières (le martial 'Brother, You Can Hear me').
James Labrie, pleinement en voix et à l’aise dans ces formats, est le deuxième musicien clé de "The Astonishing" par ses prestations particulièrement relevées dans l'expression émotionnelle ('My Last Farewell') et l'interprétation des thèmes musicaux associés à chaque personnage ('Three Days', 'Ravenskill', 'The Walking Shadow'). Il parvient, en modulant sa voix et ses intonations, à incarner avec justesse et finesse les sensibilités très diverses des acteurs de l'histoire dont celles de l'empereur à la forte théâtralité (le tango de 'Lord Nafaryus'), du jeune élu ou des femmes ('Act Of Faythe'). La section rythmique, quant à elle, s'ajuste aux temporalités du disque grâce à un Mike Mangini qui maîtrise ses pulsions de cogneur mais dont la caisse claire est toujours bloquée dans les années 90. John Myung est quant à lui de plus en plus gâté par le mixage qui lui accorde cette fois-ci trois minutes de gloire (la fin éthérée de 'A New Beginning').
"The Astonishing" est une œuvre totale et grandiloquente qui fourmille de détails et de référence dont chaque écoute renouvelle la découverte. Paradoxalement le double-album s'aborde aisément grâce à son découpage en 34 tableaux de durée raisonnable, ses structures et ses mélodies très fluides jamais complexifiées à l'excès. Ce monumental opéra-rock est destiné à exprimer toutes ses dimensions à l'occasion des spectacles que le groupe va commencer cet hiver, pour peut-être inspirer un film dont l'album serait la bande sonore. Dream Theater fait un retour fracassant parmi les grands avec l'immense "The Astonishing", sa réalisation de loin la plus audacieuse et la plus réussie depuis "Scenes From A Memory".
Plus d'information sur
http://www.dreamtheater.net
LISTE DES PISTES:
01. ACT I: Descent of the NOMACS 02. Dystopian Overture 03. The Gift of Music 04. The Answer 05. A Better Life 06. Lord Nafaryus 07. A Savior in the Square 08. When Your Time Has Come 09. Act of Faythe 10. Three Days 11. The Hovering Sojourn 12. Brother Can You Hear Me? 13. A Life Left Behind 14. Ravenskill 15. Chosen 16. A Tempting Offer 17. Digital Discord 18. The X Aspect 19. A New Beginning 20. The Road to Revolution 21. ACT II: 2285 Entr'acte 22. Moment of Betrayal 23. Heaven's Cove 24. Begin Again 25. The Path That Divides 26. Machine Chatter 27. The Walking Shadow 28. My Last Farewell 29. Losing Faythe 30. Whispers on the Wind 31. Hymn of a Thousand Voices 32. Our New World 33. Power Down 34. Astonishing
FORMATION:
James Labrie: Chant John Myung: Basse John Petrucci: Guitares Jordan Rudess: Claviers Mike Mangini: Batterie
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(2) AVIS DES LECTEURS
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"The Astonishing" décrit un univers dystopique dans lequel la seule musique autorisée est produite par des automates, les Nomacs. Mais dans une contrée reculée vit un homme (Gabriel, le Héros de l’histoire) qui a le don de faire et de chanter la musique. Ce talent extraordinaire lui confère rapidement une certaine renommée, et il apparaît ainsi comme une sorte de messie. L’empereur venu le voir avec toute sa suite comprend que le don de Gabriel représente une menace pour son pouvoir, mais de son côté, sa princesse de fille en tombe éperdument amoureuse.
Elle décide de le rejoindre, mais sa mère, ayant deviné ses desseins, la fait suivre par son frère Daryus. Arrivé sur place, celui-ci combat le frère de Gabriel et le tue, puis dans un moment de confusion, tue aussi sa propre sœur qu’il a prise pour Gabriel. Heureusement, Gabriel arrive et parvient à ressusciter la princesse grâce à son chant, ce qui convainc l’empereur que le chant et la musique sont de bonnes choses et qu’il est temps de changer sa façon de gouverner, dans un monde où la musique serait à nouveau appréciée.
Cette heroic fantasy musicale qui accumule les péripéties attendues est très éloignée des motifs psychologiques complexes qui sous-tendent par exemple la trame de "The Theory of Everything" d’Ayreon. Ici, pas la moindre profondeur, juste un canevas filiforme qui est un prétexte à un opéra musical typé metal. En ce sens, et bien qu’il ait été qualifié pompeusement de concept-album par ses géniteurs, cet opus est typiquement un story-album, qui ne manipule aucun concept mais s’appuie uniquement sur un récit, tout à fait à la façon de ce que Clive Nolan a développé avec "Alchemy". Il a pu être comparé avec "The Wall" ou "Tommy", qui eux, étaient de vraies paraboles sur l’enfermement, ou "Operation Mindcrime’, qui développe un univers paranoïde plus élaboré. Le battage médiatique qui a accompagné la sortie de l’album ainsi que le mystère autour du scénario auront donc fait long feu : ce n’est pas du côté du synopsis de "The Astonishing" qu’il faut rechercher une richesse consistante.
Côté musique à présent, Dream Theater déroule son savoir-faire habituel : techniquement irréprochable, le quintet est d’une précision chirurgicale, avec tout le sang froid qui s’ensuit. Les deux heures de musique sont d’un ennui glacial, sans aucune émotion, empilant les soli virtuoses, les descentes de manche et les coups de double-pédale avec une maîtrise consommée. Côté sentiments, par contre, c’est l’électro-émotionnogramme plat à de très rares exceptions près (le solo de guitare de 'Chosen', malheureusement court). La basse se réfugie dans un rôle principalement rythmique, alors qu’elle sonne beaucoup mieux quand elle est employée dans un registre plus mélodique ('New Beginning'). La batterie quand à elle est une mécanique froide et sans âme, intercalant le plus de motifs possibles à la double pédale, dans un esprit bien peu musical. Quant au chant, il souligne les limites de James Labrie, qui a toujours eu un registre très typé dont il ne peut pas s’échapper. A ce titre, vouloir à tout prix faire tenir tous les rôles (8 !) par un vocaliste mono-genre était un pari osé…
C’est quand DT fait du DT qu’il s’en sort le mieux : 'A New Beginning’, 'Moment of Betrayal’ sont de vrais bons moments mais ne surprennent pas et se noient dans la froidure ambiante. Mon impression est que le groupe, voyant la montée en puissance des musicals et autres space opera, a décidé de se lancer dans le créneau en disant : "Avec nous, vous allez voir ce que vous allez voir". Patatras, la montagne a accouché d’une souris mécanique. "The Astonishing" m’évoque irrésistiblement l’horloge d’un bloc chirurgical : outil mécanique supérieurement précis, parfaitement aseptisé et très ennuyeux à considérer.
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Enfin.....enfin Dream Theater nous offre son "The wall"! Plus de deux heures de progmetal symphonique d'une grande cohérence. Ce qu'on n'avait pas entendu depuis "Metropolis part 2", beaucoup moins long. Dream Theater fait du Dream Theater, les influences Floydiennes sont un peu plus estompées et surtout plus de tentation de faire du Muse ou du U2. Si on excepte les intermèdes électroniques ont a 29 morceaux, tous inférieurs à 8 minutes d'une grande intensité dramatique et lyrique. C'est effectivement un concept album (pour comprendre l'histoire, allez voir sur le site du groupe) avec un réel souffle mélodique. le metal est bien moins présent que d'habitude, le discours musical va à l'essentiel avec une grande diversité climatique d'un morceau )à l'autre. DT plus prog que metal...beaucoup de piano, de la guitare acoustique et l'intégration parfaite d'un chœur et d'un orchestre de cordes. Des élans cinématographiques parfois, des sonorités jamais entendues dans le groupe (cornemuse, flûte, violon..).
Les musiciens sont vraiment à leur top. James Labrie chante magnifiquement bien dans un contexte où Lucajssen aurait pris 6 chanteurs pour camper les protagonistes de l’histoire. La basse de Myung est enfin audible à un niveau correct et le jeu de Mangini, malgré sa caisse claire quelque peu nineties est convaincant (il parait que Portnoy reviendrait....pourquoi pas..pourvu qu'l ne chante pas!). La surprise vient ds claviers de Rudess, absolument magnifiques (ce qui n'a pas toujours été le cas) et omniprésents. Quant à Petrucci, ses guitares sont bien sûr omniprésentes, seulement il a laissé l’esbroufe démonstrative de côté. Quelques phrases en shred bien sûr (toujours mélodique) et surtout de beaux soli dans un style plus classique (A new beginning qui est plus près d'un solo d'Hackett que de Satriani).
Il faut un peu de temps et de nombreuses écoutes pour intégrer le langage de cet opus (mëme s'il n'y a rien de "difficile" à écouter.;un morceau tel que "Our new world" pourrait être dans les charts) qui marquera à coup sûr la carrière du groupe.
Le groupe nous fait rêver son théâtre de façon..étonnante!!!
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(1) COMMENTAIRE(S)
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LECTEURS:
4/5 (18 avis)
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STAFF:
3.7/5 (10 avis)
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A l'occasion de la sortie de "Wired Of Madness", le nouvel album de Jordan Rudess, le claviériste a évoqué avec Music Waves la sortie de "Distance Over Time" de Dream Theater
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