Malgré les grandes qualités de "Right Between The Eyes" (1989) et une tournée l'ayant vu ouvrir pour Ace Frehley aux Etats-Unis et King's X en Grande-Bretagne, Icon a fini par splitter, le succès commercial tardant trop à venir. Parmi les nombreuses frustrations habitant les fans du groupe, celle de n'avoir jamais vu paraître l'album "More Perfect Union" (1987) autrement qu'en cassettes vendues directement par le groupe, est probablement la plus prégnante. Cet enregistrement était le premier avec Jerry Harrison au chant alors que Kevin Stoller (claviers) intégrait officiellement le line-up aux dépens du guitariste John Aquilino. Devant la demande de plus en plus pressante et face aux prix exorbitants atteints par cet objet devenu culte, Dan Wexler a finalement décidé de rééditer cet opus en l'enrichissant de nombreux bonus, faisant passer le nombre de titres de 10, sur la version originale, à 17 sur la nouvelle version CD.
Qu'attendre d'un tel album dont la présentation ressemble plus à un fourre-tout qu'à une véritable sortie studio ? Pas grand-chose en fait, surtout si l'on évite de prendre cet objet pour ce qu'il n'est pas, à savoir un opus à part entière de la discographie d'Icon. Il s'agit plutôt ici du témoignage d'une époque durant laquelle le groupe hésitait sur la voie à suivre artistiquement. Coincé entre le hard FM de "Night Of The Crime" (1985) et un "Right Between The Eyes" plus métallique, "More Perfect Union" aurait pu représenter le maillon manquant et liant ces deux albums. Oscillant entre un AOR rutilant très typé 80's ('Eyes Of A Prisoner') et un hard rock plus musclé privilégiant l'efficacité ('Local Heroes', 'Lost Love'), les 10 titres de la version d'origine marquent à la fois une hésitation et la recherche d'un équilibre entre ces deux approches. Deux titres finiront d'ailleurs sur "Right Between The Eyes": 'In Your Eyes' et 'Forever Young'. Bien que remixé par Dan Wexler, l'ensemble a cependant mal vieilli d'un point de vue sonore, en particulier au niveau des claviers qui sonnent souvent datés ('Walk Away').
Les sept titres offerts en supplément se partagent entre quatre compositions recalées lors des sessions de "More Perfect Union" et trois n'ayant finalement pas abouti sur "Right Between The Eyes". Là aussi, l'intérêt est varié selon les morceaux mais seules la ballade 'Second Hand People', trop datée 80's, et la reprise métallique du classique de Noël 'Little Drummer Boy' font preuve d'une réelle faiblesse. Eliminés de la version d'origine de "More Perfect Union", les mid-tempi groovy de 'Way Back To My Heart' et envoûtant de 'Strong Love' encadrent l'énergique 'Stranger Thing' à la guitare véloce pour un résultat finalement très positif. Mais c'est surtout le heavy et puissant 'Sweet Young Sinner' qui marquera les esprits avec le chant impérial de Harrison et une ambiance bluesy et dépravée digne des meilleurs Whitesnake. Quelle surprise que ce titre ait été écarté de la tracklist de "Right Between The Eyes".
Malgré sa qualité générale, cet opus laisse un sentiment mitigé oscillant entre le plaisir de découvrir ces bons morceaux inédits et le regret de leur parution trop tardive. Entre les dommages du temps et la sensation qu'Icon a manqué une nouvelle occasion de s'imposer en ne sortant pas cet album au bon moment, "An Even More Perfect Union" intéressera essentiellement les aficionados du groupe et les nostalgiques d'une époque bénie pour le hard rock glam et mélodique. Poursuivi par la malchance et quelques mauvais choix, Icon n'y aura malheureusement pas trouvé la place que son talent aurait mérité.