Comme les copains ! A l’instar de ses compatriotes de Brainstorm, Alex Rudi Pell nous sort son traditionnel nouvel album de power metal. Comme ces derniers, il le fait avec une économie d’innovations excessive. A tel point que l’on ne peut que se réjouir que ces deux groupes officient dans la sidérurgie et non dans le bâtiment. Ils risqueraient alors d’avoir les mains prises dans le ciment, au regard de leur force d’inertie.
En effet, l'ennui est le maître-mot qui ressort de l’écoute de cette succession de titres convenus et dénués de toute émotion ! Là où le petit père Pell avait su tirer son épingle du jeu avec son avant-dernier album, le plus que correct "Circle Of The Oath", en se montrant très technique et agressif, il se laisse ici aller dans un faux rythme qui peine à convaincre. Les qualités d’interprétation du groupe ne sont nullement en cause, tant il est évident que ses membres se montrent carrés, mais il en va tout autrement en matière de composition et d’arrangements.
Si le groupe pratique toujours un heavy metal qui oscille entre power metal et heavy mélodique, il fait surtout assaut de platitude. Les compositions, qui manquent déjà cruellement de relief et de surprise, sont au surplus desservies par des arrangements sans finesse. Il suffit d’écouter le titre qui donne son nom à l’album, 'Game Of Sins', pour s’en convaincre. Avec ses claviers soporifiques et son faux rythme anesthésiant, Axel Rudi Pell vient d’accoucher d’un nouveau style : le Sédatif Metal.
Alors soit, 'Till The World Says Goodbye' se démarque un tantinet du reste de l’album en apportant une touche un peu plus sombre, quasi sabbathienne, mais c’est bien peu pour distiller le grand frisson. Il en va de même pour 'The King Of Fools', qui montre une couleur plus mélodique, mais qui ne parvient pas à susciter l’adhésion, malgré un chant convaincant et des sonorités de guitares bien métalliques assez réussies. Le constat est similaire pour ce qui est des timides digressions orientales, des velléités épiques et des traditionnelles ballades qui émaillent ce disque, sans pour autant parvenir à le faire décoller. Tout cela sent le déjà entendu, le réchauffé.
Et que penser du sort réservé à la reprise du 'All Along The Watchtower' de Bob Dylan, exécuté sans âme et sans passion ? Il est symptomatique de l’absence de magie et de relief qui handicapent ce "Game Of Sins", album très décevant au regard des qualités de ses auteurs et qui ne saura pas séduire au-delà d’un cercle bien restreint d'aficionados purs et durs.