"Voice Of Reason" est le cinquième album des Suédois de Cloudscape. Malgré un début de carrière prometteur et un album partulièrement réussi en 2008, il a été récemment reproché au groupe de peiner à trouver une identité musicale propre et de s'enliser dans un metal mélodique parfois insipide, et ce malgré une technique au-dessus de la moyenne. La douzaine d'années d'expérience leur permet-elle de sortir de l'ornière aujourd'hui ?
Non (bravo pour le suspense ...). Les critiques déjà lues sur leur précédente réalisation n'ont visiblement pas servi de leçon et le constat est le même quatre ans après. En effet, la seule technique pure ne saurait être l'assurance d'un disque réussi. Car passé l'effet "vous avez vu, j'arrive à faire un riff de 18 accords en 7 secondes", l'inspiration et la qualité d'écriture ne sont pas au rendez-vous. En fin d'écoute, l'impression de n'avoir rien entendu d'accrocheur prédomine.
Cloudscape nous sert la même recette un peu fade manquant de vraies bonnes idées tant au niveau des riffs que des mélodies. Les touches progressives sont trop peu nombreuses et pas assez travaillées pour apporter une variété suffisante à casser l'ennui qui s'empare vite de l'auditeur, lassé de phrasés plus compliqués qu'inspirés. Du coup, le groupe hésite entre metal mélo, power et metal prog sans jamais prendre le parti d'en assumer aucun des trois. Il en va de même du pseudo hymne au Metal avec un grand "M" sur 'All For Metal' qui ressemble à un titre de mi-90's sans en oublier le pompeux du refrain et le chant surjoué. Le (trop) long break du titre éponyme n'apporte pas l'intérêt que ce changement de rythme devrait susciter. Pourtant le solo qui le suit est, lui, intense, construit et inspiré. D'ailleurs, les soli relèvent le niveau général grâce à des envolées virevoltantes et techniques presque toujours réussies.
La production semble brouillonne et ne met personne en valeur. Les instruments semblent englués dans un agglomérat approximatif qui masque plus qu'il ne révèle, comme les chœurs trop nombreux soutenant couplets et refrains. Pourtant rien n'est vraiment mauvais mais peu de choses nous sortent de notre ennui relatif. Il faut attendre le dernier titre 'In Silence We Scream' pour espérer un peu de variété dans l'écriture. L'intro douce à la guitare acoustique ne cache cependant pas les lacunes mélodiques du chant de Mike Andersson. Sa voix n'a plus la même chaleur qu'en 2008 et c'est peut-être pour ça qu'il force en permanence au détriment de ce que Cloudscape était capable de proposer comme variété d'écriture il y a huit ans. Le titre de presque 10 minutes ne propose rien de plus qu'une intro un peu longue et un thème final pas désagréable mais répétitif pendant près de 2 minutes, plus soporifique qu'hypnotique .
La note peut paraître sévère mais les Suédois n'en sont pas à leur premier faux-pas du genre puisque "New Era" souffrait exactement des mêmes problèmes récurrents d'originalité et d'identité. Il semble loin le temps de "Global Drama" où le groupe, à son apogée, faisait rimer mélodie, riff et metal avec power, prog et créativité. Ruez-vous sur cet album (l'ancien, pas le nouveau) et vous percevrez le potentiel que Cloudscape n'a malheureusement pas su faire fructifier.