Voilà déjà plusieurs mois que le projet Earthside agite la toile ! Initié par Jamie Van Dyck, compositeur et guitariste de son état, Earthside voit le jour à New England dans le Connecticut. Annoncé comme la sortie phare de 2015 dans les domaines du prog, de l'atmosphérique et du symphonique, "A Dream in Static" est présenté par le groupe comme un concept-album de metal cinématique aux frontières des genres. Alors après plusieurs mois de d'agitation, il est enfin temps de savoir ce qu'il renferme.
Produit par David Castillo (Opeth, Katatonia) en collaboration avec l'ingénieur du son Jens Bogren connu pour son travail avec Soilwork, Opeth, The Ocean et Devin Townsend, l'album affiche une carte de visite des plus séduisantes, très vite confirmée par une production ambitieuse et un son limpide, tous deux parfaitement adaptés aux compositions et au concept que le groupe a voulu d'une grande profondeur.
L'album se compose de huit titres dont quatre instrumentaux. 'The Closest I've Come' qui ouvre l'album sur une ambiance post-rock aérienne rappelle Long Distance Calling pour la variété des thèmes et la fluidité naturelle avec laquelle ils s'enchainent. Les guitares y sont aériennes et heavy au gré des variations rythmiques. Le deuxième 'Entering the Light' est teinté d'atmosphérique et d'une couleur délicieusement exotique grâce à Max ZT (House Of Waters) dont la prestation au Hammered Dulcimer, instrument traditionnel à cordes frappées, se marie avec magie aux arrangements symphoniques du Moscow Studio Symphony Orchestra. Une ambiance unique difficile à décrire mais qui propose un voyage auditif mémorable.
Les deux autres titres instrumentaux, font la part belle à un metal progressif plus direct mais tout aussi aérien et travaillé. 'Skyline' propose en plus un break central monumental de sensualité éthérée à la Katatonia relayé par un solo de Van Dyck qui mène vers un final mélodique simplement beau, tout en délicatesse, contrastant avec la déferlante métallique du début du titre.
Les titres chantés voient la puissance émotionnelle prendre encore plus de hauteur. Tout d'abord sur 'Carter' avec un Björn Strid (Soilwork) auteur d'une prestation majuscule dans un registre à fleur de peau où l'émotion le dispute en intensité à la rage qui se ressent dans chaque note. La ressemblance avec Soilwork ne tient d'ailleurs pas qu'à la prestation de son frontman, mais est perceptible sur d'autres titres comme 'A Dream in Static' où Daniel Tompkins (Tesseract) se fend lui aussi d'un interprétation exceptionnelle dans un registre plus aérien qui n'est pas sans rappeler les Australiens de Karnivool pour la recherche créative et mélodique qui se dégage du morceau.
Mais vous n'avez pas encore tout vu et le sommet de l'album est proposé dès la deuxième piste avec 'Mob Mentality'. Le titre offre dix minutes de pur bonheur progressif avec la voix chaude et sensuelle de Lajon Witherspoon (Sevendust) et à nouveau le Moscow Studio Symphony Orchestra pour une fresque qui fera frissonner tout amateur de progressif, de symphonique, de rock, de musique. Le closer 'Contemplation of the Beautiful' parachève le tableau poussant l'émotion à son paroxysme dans un titre atmosphérique où Eric Zirlinger (Face The King) pourrait bien vous tirer une larme tant sa prestation vocale entre mélancolie et rage y est poignante. Ajouter à cela un final hypnotique et théâtral qui pousse ce "A Dream In Static" vers des sommets aussi beaux qu'attendus.
"A Dream In Static" n'est pas seulement un album de metal prog symphonique et atmosphérique exceptionnel. C'est probablement une œuvre majeure de la décennie. Earthside réussi la prouesse de concilier ce qui se fait de mieux dans chacun des genres avec une alchimie parfaite des sensations. Les ambiances se mélangent avec une cohérence toute naturelle, provocant une foule de sentiments à chaque écoute, et cet album allie qualité des arrangements, des interprétations, des compositions avec ce petit plus de génie créatif qui fait les chefs-d'œuvres.