Cinq longues années, cinq trop longues années que nous attendions fébrilement le successeur de "Dualism" paru en 2011. Les précurseurs visionnaires du djent (vulgarisation du metal progressif moderne particulièrement en vogue ces derniers temps) reviennent en ce début 2016 avec l’ambition d’ouvrir une nouvelle ère musicale avec un concept fruit de deux ans et demi de maturation. Et comme s'ils voulaient se faire pardonner de cette trop longue absence, ces artisans méticuleux d’une musique sans concession n’ont pas fait les choses à moitié en nous offrant ce "Phenotype" qui s’avèrera être le premier chapitre d’un concept-album dont la suite "Genotype" est d’ores et déjà prévue pour l’an prochain.
Le premier volet de cet alléchant projet ouvre les hostilités avec 'Oceans Collide' aux polyrythmies agressives plus proches que jamais d’un Meshuggah. Sur la lancée, le magnifique 'New Horizons' - à défaut d’ouvrir de nouveaux horizons - poursuit le travail de sape dans la pure tradition du son estampillé Textures, à savoir une trame agressive portée par des riffs polyrythmiques étourdissants, des nappes de claviers atmosphériques envoûtantes et le voix de tête si entêtante de Daniel De Jongh qui confirme le talent époustouflant entrevu sur "Dualism". A peine a-t-on le temps de reprendre son souffle que déboule le phénoménal 'Shaping a Single Grain of Sand' qui donnerait le tournis à un derviche-tourneur tant les changements de rythme sont incessants…
Bien qu’amputé d’un de ses membres fondateurs - le désormais uniquement producteur Jochem Jacobs - l’entame de ce "Phenotype" ne déçoit aucunement et, brisons de suite le suspense, la suite ne dépareillera pas. En témoignent les points d’orgue 'Erosion' et son introduction instrumentale mystico-tribale 'Meander', qui prolongent le caractère hypnotique du travail de Textures, ou encore le diptyque 'Zman' / 'Timeless' conclusif, à l’opposé de l’introductif rageur. S’ouvrant sur un piano mélancolique totalement envoûtant, ce final perpétue la recette qui a porté aux nues le sextet batave. Un final éblouissant auquel on ne peut que succomber et qui valide le talent hors norme des Hollandais…
En conclusion, "Phenotype" ne révolutionne pas l’identité sonore que le groupe s’est façonné depuis 2003 au gré d’une discographie désormais enrichie d’un cinquième joyau en attendant le sixième, l’année prochaine. Bref, vous l’aurez compris, Textures continue de nous éblouir en nous gratifiant d’un nouvel album incontournable et valide ainsi son statut de chef de file de la scène metal moderne !