Une introduction à l'orgue Hammond aux accents à la Jon Lord, au point que l'on s'attendrait presque à voir débouler le riff de 'Perfect Strangers' du Pourpre Profond, et il n'en faut pas plus pour être transporté dans le passé de plusieurs décennies. Formé autour du chanteur Nathan James, connu pour ses interventions au sein du Trans-Siberian Orchestra ou aux côtés d'Uli Jon Roth, la formation britannique assume totalement une approche revival de son hard rock biberonné aux plus grands dinosaures étant à l'origine de ce genre musical. Bénéficiant du soutien de son label, le premier album éponyme d'Inglorious débarque donc en ce début d'année 2016 avec quelques parrains prestigieux tels que Chris Kimsey à la production (The Who, The Rolling Stones...), ou Al Pitrelli (Alice Cooper, Asia, Megadeth, Savatage...) et Joel Hoekstra (Night Ranger, Whitesnake) à l'écriture.
Au milieu de formations telles que Last In Line ou Resurrection Kings, le quintet ne fait pas vraiment dans l'originalité. Pourtant, quel délice de se laisser embarquer par un début d'album gouleyant et laissant planer les ombres des plus grands. Porté par la voix puissante et éraillée de Nathan James, le hard heavy et bluesy d'Inglorious touche droit au but avec une première salve redoutable. Du puissant 'Until I Die' au lent et émouvant 'Bleed For You', au léger accent du 'Child In Time' de Deep Purple, il y a de quoi satisfaire les pavillons auditifs des nostalgiques des années 70. Ceux-ci prendront plaisir à retrouver l'énergie d'un Rainbow ou d'un Whitesnake sur le dynamique 'Breakaway', ou noteront la référence au 'Kashmir' de Led Zeppelin sur l'hypnotisant 'High Flying Gypsy' à la belle ligne de basse. Sur le groovy 'Holy Water', c'est le 'Trouble' du Serpent Blanc qui vient à l'esprit, mais sans sombrer dans la pâle copie, alors que le hard rock rutilant de 'Warning' emporte tout sur son passage.
La production est parfaite, offrant une puissance et une clarté moderne, tout en conservant la chaleur des années 60-70. Les riffs sont incandescents, les soli lumineux et la rythmique impeccable et dynamique, mais le chant est sans aucun doute le point culminant de l'ensemble. Bien qu'abusant parfois de cris inutiles, Nathan James semble la parfaite alchimie des voix de Ian Gillan, Robert Plant et David Coverdale. Il est dommage qu'avec autant de qualité et une entrée en matière aussi réussie, la suite perde de son impact, la faute à une trop grande linéarité. Rien de rédhibitoire et une plus grande attention permettra cependant d'apprécier un 'You're Mine' aux accents de 'Black Dog' (encore Led Zeppelin), ou un 'Unaware' aux accents légèrement orientaux avec une approche plus moderne.
L'ensemble prend fin sur la classique ballade acoustique 'Wake' et laisse la sensation d'une promesse non confirmée. Inglorious semble s'être essoufflé sur la longueur, même si la qualité globale reste d'un excellent niveau. Délicieusement anachronique, cet opus ne laissera pas insensibles les amateurs des origines du hard rock. Un petit peu plus de distance avec les pères du genre, et une plus grande variété dans les tempi devraient permettre à un prochain opus de transformer l'essai.