Deux ans après un "Wings Of Love" qui n'avait pas déclenché un enthousiasme incontrôlable dans notre rédaction, l'axe nord-atlantique de l'AOR est réactivé sous la pression des fans. C'est en tout cas la raison invoquée dans la biographie de ce nouvel album intitulé "Dark Angel". Il est probable que la pression soit également venue de Serafino Perugino, patron du label Frontiers et amateur de projets réunissant différentes pointures de ce genre musical dont il est un des plus grands spécialistes mondiaux. Il faut dire qu'avec Daniel Flores, producteur, compositeur, batteur et claviériste (The Murder Of My Sweet, Issa, Mind's Eye, etc..) et Robbie LaBlanc, voix de Blanc Faces, le potentiel de Find Me est plus que prometteur. Pourtant, l'essai n'avait pas été transformé avec le premier opus, la faute à l'absence de prise de risque et à un trop grand respect des poncifs du genre.
Et autant le dire d'entrée, ce handicap n'a pas été réellement surmonté sur un "Dark Angel" qui ne manque cependant pas de qualités. La première et principale est sans aucun doute la nouvelle démonstration d'un Robbie LaBlanc dont le talent mériterait d'être mis plus souvent en valeur. Le chanteur allie toujours avec autant d'aisance puissance et émotion pour une prestation époustouflante. Alors que certains titres pourraient ne pas retenir l'attention, il réussit à les transcender en leur apportant une valeur unique par sa simple intervention ('Don't Slip Away From Me'). N'allez pas en déduire que la présence du vocaliste canadien représente la seule richesse de cet opus qui brille également par la maîtrise totale des compositions. Daniel Flores connait son petit guide de l'AOR sur le bout des doigts et le Suédois propose à nouveau une collection de titres sans faille réelle, alors que son compère guitariste, Philip Lindstrand, y va également de quelques soli lumineux.
Avec des tels arguments, ne pas s'enthousiasmer pour cet opus pourrait paraître incompréhensible, d'autant qu'il serait malhonnête de ne pas signaler quelques pépites aux mélodies et refrains hyper-accrocheurs ('Nowhere To Hide', 'Dark Angel', 'Bleed In The Rain', 'I'm Free'). Le principal problème se révèle être la suite logique du précédent album, à savoir un trop grand respect des lieux communs de ce genre musical. L'ensemble, même s'il bénéficie d'une production récente, reste très ancré dans les années 80, en particulier avec l'utilisation de synthétiseurs aux sonorités parfois cheap (les introductions de 'Face To Face' ou 'Where Do I Go') ou une batterie triggée datée ('Let Love Rule'). Tout est calibré et parfois presque prévisible, rendant l'apparence d'une carrosserie impeccable mais manquant trop de notes personnelles. Une ballade comme 'Forever' est d'un classicisme tel qu'il n'est sauvé que par la performance de Robbie LaBlanc. Si l'on rajoute à ces éléments un enchaînement de plusieurs mid-tempi, il est parfois aisé de relâcher son attention, en particulier en seconde partie d'album.
Le résultat final laisse donc un goût d'inachevé, le chant semblant être le seul réel point fort d'un ensemble ne recélant pourtant pas de réelle faiblesse. Comme de nombreux projets montés de toutes pièces par Frontiers, l'âme est trop absente de productions semblant sortir à la chaîne des ateliers du label italien. Pas de quoi tirer à boulets rouges sur cet album qui satisfera les aficionados les plus acharnés de ce style musical, d'autant qu'il dénote d'un réel savoir-faire. Il est cependant dommage que l'ensemble ne soit pas habité par la même essence que celle traduit par le chant sublime de Robbie LaBlanc. Nous aurions alors, sans aucun doute, tenu entre nos oreilles un opus incontournable. Peut-être la prochaine fois ?