Avec
leurs trente huit ans de carrière, les septuagénaires Tony Clarkin
et Bob Catley continuent à nous offrir, à un rythme soutenu et pour
notre plus grand plaisir, un nouveau présent, tel un défi au temps qui passe. "Sacred Blood, Divine
Lies" est le 18ème album de Magnum. A ce niveau-là, on peut parler
d'institution.
Depuis
"Kingdom Of Madness", sorti en pleine NWOBHM en 1978, les Anglais on
traversé deux siècles en résistant aux modes. Et même si le hard
FM (il fallait bien séduire les States) est
venu durant quelques albums s'insérer de manière que d'aucuns ont
jugé sans gêne, l'esprit était toujours présent au moins en
filigrane, celui du rock britannique classieux et mélancolique, un
peu hard et un brin prog.
Magnum
n'a pas son pareil pour nous raconter des histoires. Ces princes des
ambiances "contes épiques au coin du feu", idéalement
imagées par la pochette de leur album "On A Storyteller's Night" en
ont apporté une dizaine dans leur besace pour ce "Sacred Blood,
Divine Lies" magnifiquement illustré par Rodney Matthews.
Tony
Clarkin en est le talentueux concepteur, comme d'habitude, comme
toujours. Quand on sait qu'il aime à laisser parler son imagination
pour concevoir de nouveaux titres à peine chaque album sorti et que
ce sont 25 morceaux qui, fruits de son talent, furent la consistante
récolte d'où il a extrait sa sélection, on se dit que ce Monsieur
mérite un monument.
"Sacred
Blood, Divine Lies" est ce que nous attendons tous des Anglais. Des
riffs efficaces, des soli lumineux, des touches de piano délicieuses,
des variations intelligentes, des bouillonnements émotionnels, des
instants d'emphase absolue, une mélancolie qu'on se surprend à
ressentir galvanisante. Ecouter Magnum, c'est voir apparaître le
soleil au milieu d'une clairière après la pluie, ses rayons
inondant la forêt encore ruisselante de l'averse.
L'œuvre
est compacte, il est délicat d'en faire émerger des titres phares
car le tri effectué par Clarkin a visiblement été d'une rigueur
implacable. Chaque morceau promène sa propre ambiance, aucun passage
n'est superflu, aucune impression de rallonge ne se dégage, les Anglais vont à l'essentiel. Tout est étudié et tout s'étudie, chacune des compositions révélant, écoute après écoute, son lot de
découvertes.
Alors
n'hésitez pas un seul instant, jetez-vous à âme perdue sur cet
album, et une fois de plus vous en ressortirez comblés. Les gentlemen
du rock ont encore sorti une potion magique pour l'esprit, un onguent
pour le moral, un fluide de bien-être. Là où Magnum passe, les
tourments trépassent.