Avec un premier EP mixé par Jochem Jacobs, ex-Textures, les Lyonnais de Nonsense ne pouvaient pas mieux débuter leur aventure musicale. Le quatuor, très occupé par les concerts, à l'affiche desquels on retrouve Exivious, Textures, Trepalium ou Animals As Leaders, a peaufiné son EP depuis plus d'un an. Nous avons enfin le plaisir d'entendre le résultat des cinq morceaux de "On Earth", véritable carte de visite de l'univers des Rhônalpins.

Celui-ci n'est pas à proprement parler du metal progressif ni sa variante djent, bien que les accointances du groupe avec l'ex-guitariste de Textures le laissent penser. Nonsense met en jeu un death metal nourri et mélodique ('Virtual Addiction') aux fortes exigences techniques et rythmiques ('Inertia') avec de nombreux accents de metal moderne portés par les riffs et les voix claires de certains refrains ('Final Flash'). Les compositions de Nonsense ne s'éparpillent pas dans des développements trop alambiqués, les parties instrumentales restent circonscrites à leur juste mesure en rapport avec les constructions des titres ('Final Flash') et les soli, très petrucciens ('The Nonsense'), brillent plus par leur subtilité que par leur nombre.

Quand les Lyonnais sortent du format direct de pure expression de la puissance dont ils semblent intarissables ('Virtual Addiction'), ils aiment à jouer avec les perspectives, via la maîtrise et la précision du spectre vocal impressionnant d'Olivier Sicaud, sachant incarner la rage ('The Nonsense') et la déchirure (le chant bouleversant d'Ihsahn n'est pas loin sur le début d''Inertia'), mais aussi par l'intermédiaire de captivantes ambiances (le début de 'Inertia' ou la fin cathartique de 'Final Flash'). 'On Earth', le morceau le plus long de l'EP, est en ce sens exemplaire avec sa montée en intensité qui débute sur un genre de mid-tempo très mélodique pour finir en orgie de puissance frénétique.

"On Earth" est une démonstration en cinq actes du talent des Français, dévoilant une facette très heavy. Si plusieurs indices nous laissent à penser que les quatre musiciens peuvent agrémenter leur écriture, en travaillant plus en profondeur les harmonies, les modulations et les atmosphères, nul ne peut savoir quel chemin musical sera emprunté par Nonsense à l'avenir. L'extrême méticulosité dont le groupe fait preuve pour parfaire sa musique laissera tout le temps de disséquer ce court mais dense premier disque avant de pouvoir répondre précisément à cette interrogation.