Sam Coulson est un petit prodige de la guitare qui s'est tout d'abord fait connaître avec ses vidéos sur YouTube avant de remplacer le maître Steve Howe dans le groupe Asia. Un des passages obligés pour une grande partie des guitaristes de rock virtuose est la réinterprétation de standards très connus. Selon les sensibilités certains choisissent le blues, d’autres le jazz, Sam Coulson, lui, a sa préférence pour la musique classique.
"Electric Classical" est un court disque (24 minutes) de dix pièces reprenant des thèmes de musique classique chers à Sam Coulson, dont certains sont ancrés dans l’inconscient collectif. Nullement réservées à un auditoire spécialisé, ces études succinctes respectent les mélodies des partitions initiales tout en s’autorisant quelques libertés rythmiques, tolérables sur le menuet de Bach 'BWV anh 114' mais dénaturantes sur 'Vals Venezolano no. 2' d'Antonio Lauro et 'Romance' ('Jeux Interdits'). Comme le montre la pochette du disque les deux Stratocaster de Sam Coulson sont les seuls instruments présents sur ce disque. La première tisse un canevas arpégé, avec un son clair travaillé pour vibrer avec ampleur, pour parfois accueillir les parties solistes jouées sur la seconde.
Certains morceaux sont très courts, parfois une minute et quelques secondes, et ne s’attachent qu’à restituer la très faible partie connue de pièces bien plus denses (l’introduction de la suite pour violoncelle de Bach 'BWV 1007 Prelude'). Les réussites avec la 'Sonate Au Clair de lune' de Beethoven et son chorus bluesy ('Moonlight Sonata Blues') ou 'Ave Maria' et son rendu très Beckien côtoient des versions moins authentiques et chaleureuses que les originaux comme les pièces sur guitare classique 'Op 6 no 11', 'Op 35 no 17' et 'Op 35 no 22' de Fernando Sor jouées avec un son clair sur guitare électrique. La magnifique 'Recuerdos De La Alhambra' de Francisco Tarrega initialement jouée en tremolo sur acoustique perd sa poésie et son lyrisme dans les mains de Sam Coulson qui ne lâche pas son potard de volume et qui lui préfère une version lente et atone.
Avec ce premier album solo "Electric Classical", Sam Coulson s'est avant tout fait plaisir en reprenant des thèmes classiques. L'intérêt pour l'auditeur est assez limité car on ne sait pas vraiment où l'Anglais désire nous emmener avec ses adaptations ni tout à fait fidèles ni originales. Hormis la virtuosité pure à la guitare électrique (comme par exemple Malmsteen, Patrick Rondat, Paul Gilbert ou Ron Thal) et la reprise parfaite, ce genre musical ne laisse pas beaucoup de place à la relecture. Si ce disque permet de faire connaître ces morceaux à un auditoire non-initié, ce sera alors sa principale vertu.