En 2003, soit six ans à peine après s'être sabordé, Obituary annonce (déjà) son retour. Si certains accueillent alors avec enthousiasme cette résurrection, d'autres au contraire se montrent plus méfiants, échaudés par de nombreux come-backs de mauvaise mémoire. Cependant, que les Floridiens reviennent au complet est en soi un bon signe. Ils sont donc tous là, des frères Tardy à Frank Watkins sans oublier la paire de bretteurs composée de Trevor Peres et Allen West.
Succédant à "Back From The Dead", "Frozen In Time" scelle en 2005 cette renaissance particulièrement attendue. Ce qui frappe d'emblée - et rassure peut-être - est que ses auteurs ont misé sur la prudence, ne cherchant pas déstabiliser leur public. De fait, c'est du Obituary pur jus que cette galette déverse, comme si rien ne s'était passé depuis la fin des années 90, ce que suggère son titre. Bref, comme si le groupe n'avait jamais eu l'idée saugrenue de mettre la clé sous la porte.
D'aucuns le regretteront sans doute. A tort. Au moins, les Américains font ce qu'ils savent faire de mieux, ce bon vieux death metal des familles, genre dont ils ont contribué à poser les bases. Ni technique comme Death, ni occulte comme Morbid Angel, ni vraiment gore comme Cannibal Corpse, le quintet possède une signature qui n'appartient qu'à lui, lourdement caverneuse.
Opus assez court, "Frozen In Time" met l'accent sur les tempos plombés, forgés par des guitares accordées plus bas que terre. Après un instrumental en guise de préliminaires plutôt réussi avec ces riffs englués dans des viscères encore fumants, 'On The Floor' débarque et on est tout heureux de retrouver l'organe si particulier de John Tardy qui vient nous vomir dans les oreilles comme à l'époque de nos quinze ans.
Implacable, 'Insane' confirme la bonne tenue d'un album qui, s'il ne prend aucun risque, multiplie les perforations rampantes, de 'Back Inside' au bien nommé 'Slow Death', titre quasi death doom, de 'Mindset' à 'Blindsided'. A peine la cadence s'emballe-t-elle le temps d'un 'Stand Alone', toutefois lui aussi alourdi par de pesants modelés.
Et s'il ronronne un peu trop, œuvre de musiciens qui n'osent pas (encore) se lâcher, et donc en cela loin d'être leur meilleur album, "Frozen In Time" notifie néanmoins avec une efficacité éprouvée le retour aux affaires d'Obituary, dans la droite lignée de "World Demise".