Mine de rien cet artiste français plutôt discret possède déjà une sacrée carte de visite. Après avoir travaillé et tourné avec Neal Black et co-écrit et co-produit le dernier album du grand Calvin Russel en 2009, Manu Lanvin propose déjà son cinquième album intitulé "Son(s) Of The Blues" et enregistré en partie à Memphis Tennessee où il a participé en 2014 à l'International Blues Challenge.
Voilà pour la petite carte de visite. Pour en venir au blues, sachez que Manu officie ici en power trio, une formation idéale dans le genre, avec les Devil's Blues (Jimi Montout à la batterie et Gabriel Barry à la contrebasse). Et si dans ses bagages on retrouve un peu des artistes pré-cités dans un genre blues urbain, on notera aussi, origines françaises obligent, du Paul Personne dans les arrangements et les textes parfois écrits dans la langue de PPDA. En attestent l'acoustique 'Lorsque Une Femme Pleure', une nouvelle version bien plus convaincante de l'acide 'In God We Trust' évoquant Maître Gims et autres Carla Bruni, et le léger et cuivré 'Merci' qu'aurait pu interpréter un Claude Moine.
Mais c'est à 'Son Of The Blues' d'ouvrir le bal, et avec une classe indéniable. La voix éraillée et authentique de Manu conduit ce blues rock musclé droit au pays de ses origines. Plus loin, c'est un piano soul et glacé qui vient rehausser une complainte balancée entre chant habité et samples féminins pour un rendu très cinématographique sur 'Just Wanna Drown', avant d'éclater dans un solo très très nerveux. Et comme on en redemande, Manu nous offre un 'Luzern' électrique et vibrant, un 'Back In Montreux' up tempo et presque spatial garni d'harmonica et un 'Ain't Got Time For Love' cuivré qui nous conduit en Nouvelle Orléans. Plus loin encore, Manu élargit encore son répertoire en nous proposant un 'Do It For Me' influencé par la nouvelle génération blues des années 80.
Nous retrouvons aussi du très classique, comme 'All Night Long', 'Laisse Couler', 'Hey, Hey, Hey' ou 'Going Down' qui le sont assurément et plairont aux puristes sans pour autant perdre l'adhésion des fans de blues plus aventureux.
Ne pariant que très peu sur les formats longs (la majorité des titres varie entre 3 et 4 minutes), alternant intelligemment l'anglais et le français (un vrai plus qui permet à Lanvin d'explorer des univers et des teintes très variés, passant de la poésie d'un Nino Ferrer à la puissance crue d'un Popa Chubby), Manu Lanvin n'est pas tombé de la dernière pluie dans le creuset du blues et, toujours fort d'un univers très personnel, nous fait voyager sans jamais nous perdre en route. Et dans le domaine mélodiquement restreint qu'est le blues, c'est déjà une belle réussite !
Un album auquel il manquera peut être quelques titres en français sur lesquels Manu nous régale vraiment, mais à ne louper sous aucun prétexte.