Blaze Bayley enchaine depuis 10 ans les hauts et les bas. Sorti dans la précipitation, "The King Of Metal" comportait des défauts et avec le recul est à considérer comme l'album le plus faible de sa carrière. Depuis il n’a pas chômé, sortant un disque acoustique et se produisant en concert de manière intensive. Mais un tournant a eu lieu début 2014 quand Blaze s’est associé aux membres d’Absolva. De fait le chanteur a recréé un groupe et pris le temps d’écrire un nouvel album avec un management solide.
Cela nous donne "Infinite Entanglement", opus conceptuel de science-fiction qui suit les idées développées dans ses deux premiers albums autour de l’homme et de son rapport à la technologie. Écrit avec Chris Appelton, le disque est ambitieux et fait appel à de nombreux invités. D’un livret détaillant l’histoire à une production à la hauteur, ce disque est à des années-lumière du côté artisanal de "The King Of Metal’". La collaboration avec Absolva le propulse vers une autre dimension : retrouvant le ton des premiers albums avec un heavy épique et mélodique, "Infinite Entanglement" fait la part belle aux harmonies et soli de guitare et aux mélodies imparables sur des refrains l’étant tout autant. Cerise sur le gâteau, le chant de Blaze est parfait, son côté voilé étant exploité à merveille sans qu’il ne cherche à trop forcer.
L’album est construit comme une histoire avec des transitions faites par une voix féminine robotisée - ces intermèdes cassent hélas le rythme et constituent le petit défaut de la cuirasse. Pas mal de chansons sortent du lot : au rayon heavy mélodique, il faut retenir ‘A Thousand Year’, ‘Human’ ou encore ‘Dark Energy 256’, proche du meilleur d’un Iron Maiden, et l’énorme ‘Independence’. Sur ce dernier, Blaze retrouve toute la fougue des débuts avec une entame en douceur mélancolique, une remarquable montée en puissance et un énorme feeling heavy. A côté de ces chansons, Blaze fait aussi parler la douceur avec ‘What Will Come’ : acoustique et rehaussé par du violon, ce titre permet au chanteur de briller. Il en va de même avec le très beau ‘A Work Of Anger’, qui s’inscrit dans la lignée des chansons émotionnelles que Blaze affectionne - ici le petit frisson est au rendez-vous comme à l’époque d’un ‘Regret’. Peu de faiblesses sont à signaler, si ce n'est ‘Infinite Entanglement’ sans mélodie forte qui ouvre le disque de mauvaise manière.
C’est donc bien à une résurrection, une de plus, de la part de Blaze Bayley que l'on assiste. En osant se remettre en question et en travaillant à nouveau en équipe, le chanteur anglais a retrouvé une superbe qui semblait perdue et signe un opus de grande qualité. Avec ce line-up et la promesse d’une suite rapide à ce concept album, l’avenir semble enfin lui sourire.