Si le nom de Martin Turner ne vous est pas familier, celui de Wishbone Ash vous parlera peut-être plus. Surtout célèbre dans les années 70 avec des albums mythiques comme "Pilgrimage" et surtout "Argus", le groupe a continué de produire régulièrement des albums sur les quatre décennies suivantes. Une aventure que Martin Turner, son chanteur et bassiste fondateur, a quitté depuis longtemps, 1991 pour être précis. Néanmoins, il n'oublie pas de faire état de son passé, faisant figurer sur la pochette de l'album au-dessous de son nom "Founding original member of Wishbone Ash", peut-être conscient que son patronyme n'est pas forcément évocateur.
Un passé dont il s'est copieusement servi depuis au cours de sa carrière solo, celle-ci se résumant plus à des emprunts du répertoire de Wishbone Ash qu'à de nouvelles créations. Encore l'année dernière nous gratifiait-il d'un live, "The Garden Party", enregistré en 2012 avec d'anciens membres de Wishbone Ash et ne comportant que des titres du groupe anglais. Un album dont l'interprétation mollassonne n'avait guère convaincu Music Waves.
"Written In The Stars" est donc un mini-évènement en soi puisque c'est le premier album contenant de nouvelles chansons depuis 1996. Le disque s'ouvre sur deux instrumentaux enchaînés, le court et atmosphérique "The Big Bang (Overture)" suivi de "The Beauty Of Chaos" dont la guitare lead rappelle 'Apache' des Shadows et la mélodie ressemble à un vieux Morricone. Si cette introduction est sympathique, sans plus, Martin Turner abat un atout maître avec le titre suivant qui donne son nom à l'album. 'Written In The Stars' est un excellent rock qui fleure le meilleur de Wishbone Ash entre les duels de guitare, le chant de Martin Turner doublé d'un bout à l'autre d'une voix plus aiguë et la mélodie à la fois délicate et décontractée.
Dès lors, la machine est lancée et ne s'arrêtera plus. Turner enchaîne des rocks simples, aux mélodies efficaces, joués et chantés avec une fausse décontraction, dominés par une belle basse, posée mais présente, et des numéros de guitare où la facilité et la légèreté prédominent, faisant oublier la technique qu'il y a derrière pour un pur moment de plaisir. Si de nombreux titres nous font encore penser à Wishbone Ash ('Vapour Trail', 'For My Lady', 'Mistify Me'), d'autres, moins typés, sont "juste" de belles ballades ('Lovers', 'The Lonely Star') ou, le temps d'un morceau, nous rappellent Dire Straits et son 'Sultan of Swing' qu'on aurait joué sur un tempo plus lent ('Pretty Little Girls'). L'album finit en beauté sur l'atmosphérique et vaporeux 'Interstellar Rockstar', où un chant fragile et infiniment mélancolique côtoie nappes de violons et deux splendides solos de guitare, le premier à la guitare classique et le second électrique et stratosphérique.
L'album ne comporte pas de ventre mou, tout est de la même eau et la qualité tant des compositions que de l'interprétation transforme ce disque en un excellent moment. À plus de quarante ans d'intervalle, "Written In The Stars" s'avère un successeur convaincant à "Argus". Bravo, Monsieur Turner !