Erdh est un duo qui rassemble Nicolas Pingnelain et Emmanuel Worm (Wormfood), après un premier album fort intéressant ("Resilient"), le duo nous offre un nouvel opus au titre mystérieux : "Sideremesis". Peu de groupes osent faire un tel grand écart entre leur premier album et sa suite. Car, après un bon premier opus - dont Music Waves avait loué les qualités - Erdh fait le pari insensé de délivrer un album sur lequel les machines sont reines...
Le groupe a ainsi pris un virage à cent-quatre-vingt degrés, car la pesanteur est abandonnée au profit du tout électronique ou de sonorités dignes de Massive Attack. Mais ceci n'est pas vraiment une surprise, car Nicolas nous l'avait sous-entendu lors de notre entrevue. Toutefois, la voix si caractéristique de sieur El Worm est toujours aussi présente : ses intonations sont tour à tour susurrées, ou pleines d'emphase et de grandiloquence comme chez Saviour Machine. D'ailleurs, sur le plan stylistique, le groupe s'approche aussi de la bande à Eric Clayton par ses plages aux rythmes dépouillés, aux synthétiseurs omniprésents et aux effets sonores multiples.
Le titre éponyme est comme une plainte lancinante qui, sur une structure éclatée et mouvante, construit un climat à la noirceur profonde. Les boucles rythmiques tournent et virevoltent dans nos ouïes, les synthétiseurs prennent la place occupée précédemment par les guitares... Ainsi, même si les pistes sont sombres, noires, ou électro et déshumanisées, elles restent indéniablement gothiques jusqu'au bout des ongles. Les autres pistes suivent quant à elles, un schéma plus convenu peut-être, ou toutefois à la structure couplet-refrain plus prédominante. Enfin, la nouvelle version de 'Pink Circuit' est impressionnante, car même avec un habillage qui transcende les modes métalliques, on reconnaît immédiatement le titre précédent et sa mélodie vocale aux intonations sensuelles, presque sexuelles.
"Sideremesis" présente un Erdh en pleine mutation, faisant perdre à l'auditeur ses repères, avec pour seul guide la noirceur et les thèmes qui répondent aux premier opus. Ce disque risque certainement de rebuter les adorateurs de la première heure, gageons toutefois qu'il fera aimer les sons électroniques aux metalleux les plus intransigeants... Néanmoins, bravo au groupe d'avoir osé un tel contre-pied sans y perdre son âme, car au-delà des bouleversements de surface, le duo reste ce qu'il est depuis deux ans, et conserve donc sa personnalité première, sans jamais la renier.