Si seulement une année sépare les deux premières productions de
Phil Collins en solo, il aura fallu attendre trois ans pour voir apparaitre "No
Jacket Required". Moins marqué par le ressentiment lié à son
divorce, ce troisième opus est musicalement moins sombre que ses
prédécesseurs, et reste, comme il était prévisible au vu du
succès des moutures précédentes, dans le même style pop-rock
teinté de cuivres qui a prévalu jusque là.
L'album contient deux succès planétaires, le dynamique 'Sussudio'
et le lymphatique 'One More Night' qui ont le point commun d'être
basés sur des improvisations. L'un comme l'autre sont également
assez répétitifs mais ils ont marqué leur époque, et restent des
balises des eighties. Plus intéressant est le travail effectué sur
les sonorités de la batterie, la drum machine complétant
astucieusement le set classique. Souvent soutenue par des claviers
électro, la rythmique prend une coloration proche des albums que Mike
& the Mechanics feront paraître quelques années plus tard. La programmation des sons prend de plus en plus
d'importance dans les sons utilisés par les membres de Genesis –
une voie que même le plus classique Tony Banks suivra, notamment
dans "Strictly Inc." Mais dans ce domaine, c'est bien Phil
Collins qui fait figure de précurseur et qui va influencer
notablement la sonorité des percussions.
Servi par une production précise et profonde, "No Jacket
Required" apparaît plus homogène que ses deux prédécesseurs,
et toujours soutenu par les Phenix Horns (la section cuivres des Earth,
Wind and Fire), le fidèle Daryl Stuermer à la guitare, qui cosigne
trois titres, et deux choristes de renom (Sting et Peter Gabriel). Il
est difficile de faire ressortir un titre de cet ensemble plutôt optimiste (seulement deux titres lents), à part le plus
ample 'Take Me Home' dont la progression ne manque pas d'allure et
prend toute sa dimension en live.
L'album a été un énorme succès commercial : 25 millions
d'exemplaires vendus, deux n°1 aux States. Les titres apparaissent
peut-être moins originaux qu'un 'In the Air Tonight' ou un 'I Don't
Care Anymore', et l'album est moins axé chant que "Hello I Must Be
Going" qui était beaucoup plus sombre et avait poussé le style noir
plus loin que le premier album, mais l'excellence de la réalisation
et l'homogénéité de l'ensemble emportent l'adhésion.