Si "Between
The Devil And The Deep Blue Sea" avait semblé un petit faux-pas
dans la carrière du groupe du Kentucky, ce nouvel essai du même nom
voit la formation poursuivre son ascension musicale sans autre fausse
note. Après un "Magic Mountain" rassurant et voyant BSC
exercer un retour aux sources, "Kentucky" enfonce le clou.
Plus varié encore, explorant des genres avec plus d'assurance (les
rocks durs rockent dur et les folks folkent), ce nouvel essai
pourrait bien être celui de la consécration. Sans quoi le groupe,
malgré tous ses efforts, risque de passer le reste de son existence
dans la catégorie des très bons seconds couteaux comme (et c'est honteux) leurs
collègues de The Answer par exemple.
'The Way Of The Future' lance le bal sans passer par les courbettes et les cartons d'invitation. Classic hard rock, sonorités modernes (dans la voix de
Robertson et les effets de guitares) mais bourrées de distorsions
grinçantes, "Paf ! Ramasse tes dents !" comme
dirait ma mémé. Et 'In Your Dreams' ne laissera pas l'herbe
repousser derrière, tout comme ce 'War' bourré d’hormones mâles
et de chœurs virils qui feront bobo à la tête en concert. Black
Stone Cherry rules !
Et
les soli de Ben Wells ne donnent pas dans le remplissage !
Et
comme le combo ne se satisfait pas des lignes droites, 'Shakin My
Cage', solide mid tempo, renoue avec des sonorités southern hard
rock alors que le bien nommé 'Soul Machine' groove méchamment avec
ses chœurs féminins et sa ligne de guitare addictive. Plus loin,
'Long Ride' vient se frotter aux grandes ondes avec un format
éminemment accrocheur sous son refrain fédérateur alors que 'Cheaper To
Drink Alone', malgré ses quelques sons de percu décalés, flirte
dangereusement avec un esprit Red Hot.
Et quelque soit le genre abordé
ici (même
le dangereux mais réussi rock electro de 'Rescue Me'),
le groupe le fait avec une sacrée classe et un naturel plutôt
bluffant, au point que cela pourrait en devenir le point
faible de cet album. Comment en effet s'offrir esgourdes et âme à un groupe aussi caméléon et semblant bouffer à tous les
râteliers ? Pour autant BSC garde son esprit bouillonnant et
vous reclaque de temps en temps des pavés encore plus assumés
qu'avant comme les incendiaires 'War', ce furieux 'Hangman' ou
le 'Darkest Secret' totalement allumé, aux allures de confession.
Même si "Kentucky" contente jusqu'aux dernières notes
('Born To Die' ravira les fans du combo), nous pourrions tout de même
reprocher une fois encore cette propension qu'ont les groupes à
surcharger leurs albums, forçant l'auditeur à faire un tri et à
laisser de côté, par overdose, des titres qui pourtant sont tout à
fait méritants.
Voici en tout cas l'un des plus représentatifs albums de
l'esprit Black Stone Cherry, sorte de tour de piste révélant tous les
talents et les costumes du groupe, un album représentant le Kentucky
d'hier et d'aujourd'hui (chanté dans le final 'The Rambler') dans
toute sa superbe. Et pourquoi pas, une fois passés les quelques
virages dangereux, le meilleur album du groupe… seul l'avenir nous
le dira.