Groupe allemand de power metal, Sinbreed, mine de rien, sort déjà son troisième album. Il doit rebondir après le départ de Marcus Siepen (Blind Guardian) qui avait donné un coup de projecteur sur ce qui n'était au départ qu'un side project initié par Flo Laurin.
Le désormais quatuor reprend son chemin là où il l'avait laissé avec "Shadows" moins de deux ans plus tard, dans un speed metal classique qui rappelle Helloween, les débuts de Blind Guardian et toute la galaxie teutonne, rugueuse, puissante, pleine de double grosse caisse et de mélodies efficaces. Le chant de Herbie Langhans, qui chante avec Avantasia après avoir participé comme choriste à des albums de Kamelot, Luca Turilli ou Rhapsody Of Fire, se situe au croisement de Andi Deris (Helloween) et de Mark Tonilo (Accept). Sa voix possède cet aspect granuleux et rageur qui sied parfaitement aux rythmiques implacables, rapides et mastodontesques assurées par Frederik Ehmke - par ailleurs batteur de Blind Guardian - Alex Schulz à la basse et Flo Laurin. La production assurée par Markus Teske, qui a déjà œuvré pour le compte de Vanden Plas, Mob Rules ou Dark Sky, est toujours nette, puissante et massive. Elle donne toute sa dimension à la musique de Sinbreed, servie par des musiciens irréprochables, carrés et plutôt en verve.
La plupart des titres suit une structure très classique avec quelques incursions plus lourdes ou au contraire un peu plus fines. Le morceau éponyme 'Master Creator' apporte un peu de légèreté dans les chœurs du refrain, ce qui donne une aération très mélodique et plutôt agréable. L'album apparaît très homogène dans son registre speed metal mélodique avec des mélodies percutantes et quelques chorus bien sentis. Quelques morceaux se détachent un peu du lot, comme la power ballade 'At The Gates' mais surtout 'The Riddles' qui voit l'intervention d'un clavier au son synthétique et un refrain assez remarquable. En revanche, 'The Voice' brille par son manque d'originalité alors que la dernière salve 'On The Run' a des accents celtiques teintés de cornemuses.
Et c'est là tout de même que le bât blesse. En effet, même si tout est parfaitement écrit, équilibré et très bien interprété, Sinbreed a tendance à ressortir les recettes de la fin des années 80, déjà bien éculées et rejouées par Gamma Ray, Iron Savior et tous les autres. Cet album par ailleurs difficile à prendre en défaut s'adresse donc très spécifiquement aux nostalgiques ou aux inconditionnels de ce style, disons-le, assez sympathique.