Devenir propriétaire d'un (petit) coin perdu du Pays de Galles en achetant un album ? Voilà l'offre pour le moins originale que Manfred Mann's Earth Band proposait lors de la publication de "The Good Earth" en 1974, le dos de la pochette étant rien moins qu'un véritable titre de propriété d'un terrain acquis par le groupe et mis en découpe pour les heureux acheteurs du disque !
Au-delà de l'anecdote qui valut d'ailleurs une belle publicité au groupe, ce cinquième album studio, empli de considérations écologiques, avait la redoutable tâche de succéder au sublime "Solar Fire". Et pour cela, le groupe va continuer de déployer ses recettes progressives, faisant la part belle à de longues minutes instrumentales.
Par rapport à son prédécesseur, "The Good Earth" a perdu ses aspects planants, avec une part plus importante laissée aux guitares. Cette tendance est présente dès 'Give me the Good Earth', titre en plusieurs parties qui mixe bruits de la nature, un thème très purple-ien, un gros solo de guitare stridente et un passage central très pastoral. Mais les claviers ne sont évidemment pas laissés pour compte, et un premier solo de Moog vient très vite rééquilibrer la balance entre les différents instruments. Le dialogue entre ceux-ci sera d'ailleurs une constance tout au long des 38 minutes de l'album.
Finalement peu présentes, les parties vocales s'avèrent le maillon un peu faible du disque. Que ce soit l'insignifiant 'I'll be Gone' ou encore les premières minutes de 'Earth Hymn part 1', avant que celui-ci ne mue vers un génial solo de Moog suivi d'une sarabande infernale, la tendance (volontaire ou non ?) globale est très clairement orientée vers un contenu instrumental propre à servir de base à des improvisations futures sur scène… à moins que ce ne soit celles-ci qui aient inspirées cela ?
Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, on retrouvera également quelques Tubular Bells bien senties dans l'introduction martiale de 'Sky High', avant que celui-ci ne vire au jazz-prog, ou encore dans le final de 'Be not too Hard', faisant de cette galette une production originale mais finalement bien en phase avec son époque !
Album concis, "The Good Earth" continue d'écrire l'histoire pour le line-up historique de Manfred Mann's Earth Band. Moins grandiose et immédiat que "Solar Fire", il reste néanmoins une pièce essentielle dans la discographie du groupe.