Sans ralentir le rythme de ses publications, Manfred Mann's Earth Band publie en cette année 1975 son sixième album, au titre inspiré par la cohabitation d'un chant de rossignol entendu dans la nature, supplanté par le passage d'un bombardier (les enregistrements se retrouvent d'ailleurs sur la dernière plage de l'album), "Nightingales and Bombers" étant pour l'occasion la dernière production du quatuor original, le guitariste Mick Rogers quittant le navire à son issue.
Jusqu'alors, le Band s'était signalé par quelques reprises, notamment de Bob Dylan, mais l'histoire du groupe retiendra aussi et surtout celles concernant des morceaux de Bruce Springsteen, au premier rang desquels 'Spirits in the Night' fera les beaux jours du groupe en live, et introduit ici de la meilleure manière qui soit 'Nightingales and Bombers', malgré une rythmique un peu paresseuse.
Pourtant, le reste de l'album ne sera pas franchement à l'avenant, celui-ci étant majoritairement instrumental, soit par le biais de titres complets ('Crossfade', 'Nightingales and Bombers', 'As Above so Below') ou de longues parties mettant en exergue les qualités techniques des différents membres du groupe. On le sait, celui-ci n'est jamais aussi à l'aise qu'en live, notamment dans des parties plus ou moins improvisées que l'on retrouve ensuite reformatées dans les albums studio. Et ici, l'auditeur qui frétille d'envie lorsque l'imagination des musiciens se libère va être largement servi : basse ronflante à la musicalité extrême, soli de guitares en tous genres, batterie enchaînant les rythmiques complexes et les breaks, et bien entendu, les inévitables soli de Moog si caractéristiques du maître des lieux emmènent l'auditeur dans une sarabande frénétique aux accents bluesy qui n'a de cesse de se renouveler.
Au milieu de ces semi-improvisations aux accents très seventies, nous trouvons cependant la splendide ballade 'Visionary Mountains', portée par une belle basse ronde et enluminée par un superbe solo de guitare venant rappeler tout l'apport de Mick Rogers dans le son du groupe. On notera également les claviers à la Supertramp de 'Fat Nelly', le tout étant de savoir qui a inspiré qui dans l'histoire !
Enfin, le conclusif 'As Above so Below' vient terminer là encore de manière très inspirée ce qui est sans doute l'album qui synthétise le mieux cette première période du Manfred Mann's Earth Band, constituée d'influences blues rock et progressives. Incontournable.