Deux années se sont écoulées depuis le sublime "The Roaring Silence" ayant vu l'intégration de Chris Thompson comme chanteur principal dans le Band, et c'est après avoir enregistré le nouveau départ d'un membre historique (le bassiste Colin Pattenden) que le groupe publie "Watch" en 1978, dans un format ne dérogeant pas aux publications précédentes.
Composée de huit titres dont deux enchaînés, cette nouvelle galette présente de nouveau une flopée de reprises de titres plus ou moins obscurs, avec en tête de gondole 'Mighty Quinn' de Bob Dylan. Comme à l'accoutumée, ces reprises sont des réinterprétations complètes, et pour le néophyte peu au courant des versions originales, se présentent comme de véritables nouveautés.
Publié à l'orée de la "décadence" du rock progressif, "Watch" conserve cependant les atours des précédents albums de MMEB. Le chant y est toutefois plus présent que d'habitude, mais laisse néanmoins une large place aux digressions instrumentales, guitare et surtout le Moog, si chères aux membres du groupe. Seule évolution notable, 'California' qui avec le recul apparaît comme annonciatrice de la tendance du groupe à offrir une facette plus pop, plus abordable, débarrassée des improvisations instrumentales présentes dans les premiers albums.
Mais "Watch" présente surtout une "Face B" totalement mémorable, puisque les trois titres qui la composent à l'origine sont de véritables "hits" du groupe, de ceux que l'on retrouvera dans la quasi-totalité de leurs prestations live. C'est tout d'abord le tubesque 'Davy's on the Road Again', véritable hymne qui s'incruste dans la tête. Puis, avant de basculer sur la version déjantée de 'Mighty Quinn', c'est le fameux 'Martha's Madman' qui va définitivement établir Manfred Mann comme LE joueur de Moog, tant du point de vue sonore si caractéristique que sur le plan d'une dextérité totalement affolante dans ses soli, bien aidé en cela par un Dave Flett en feu avec sa guitare.
Album encore largement marqué par la première époque du groupe (au contraire de "The Roaring Silence"), "Watch" établit néanmoins un véritable pont entre les aspects blues/rock/progressif une nouvelle fois bien présents et une deuxième partie de carrière qui verra MMEB rendre ses compositions plus accessibles, plus "commerciales" et dont "Angel Station" sera le premier exemple très parlant.