Partira, partira pas ? Bien qu'annoncé par Manfred Mann en partance après "Angel Station", c'est bel et bien Chris Thompson que l'on retrouve de nouveau derrière le micro (et cela sera encore le cas pour plusieurs albums à suivre !), mais ici uniquement sur trois titres, le reste de la tâche se partageant entre Manfred Mann, Steve Waller, et trois invités.
Pour cette nouvelle production, le groupe poursuit la modernisation de ses ambiances entamée sur "Angel Station", avec notamment des claviers qui adoptent régulièrement des sonorités synthétiques ou planantes. Il en va ainsi de 'Adolescent Dream', titre qui nous renverrait presque à "Oxygène" d'un certain Jean-Michel Jarre, formant d'ailleurs un contraste étonnant avec le chant masculin/féminin intriguant.
Comme à son habitude, le groupe puise son inspiration dans une série de reprises, au premier rang desquelles trône un 'For You' emprunté à Bruce Springsteen et magnifiquement réinterprété, avec notamment une convaincante section instrumentale. Cette version deviendra d'ailleurs par la suite un des piliers des set-list des concerts du groupe.
Mais au-delà des traditionnelles sections instrumentales propices aux longues improvisations sur scène, ce nouvel album entraîne MMEB vers quelques nouveautés plus inattendues. C'est tout d'abord l'ovni 'Fritz the Blank', court instrumental étrange aux relents jazz-rock des après-midi de FIP qui vient s'opposer aux mélodies chaloupées de 'On the Run'., tandis que 'Stranded' nous renvoie aux belles heures du psychédélisme.
Mais la véritable surprise provient de 'No Guarantee" et de la patte identifiable entre mille de Trevor Horn, ce morceau apparaissant comme le croisement improbable des Buggles avec les claviers caractéristiques de Manfred Mann. Etonnant, surprenant, le mélange pourra ne pas plaire aux traditionnels aficionados du groupe.
A l'image de la pochette furieusement contemporaine qui illustre l'album, "Chance" entraîne MMEB doucement mais sûrement vers les années 80's, avec un propos tendant à devenir plus direct. Reste néanmoins un héritage que le groupe s'évertue à conserver, donnant ainsi à cette galette ses meilleurs moments.