Désormais officiellement réduit à un trio, Manfred Mann's Earth Band revient à peine un an après le calamiteux "Criminal Tango" avec "Masque", album concept se voulant la suite plus ou moins avouée de "Solar Fire", reprenant en tout cas quelques éléments de Gustav Holst ("Planets Suite"), pressentis pour servir de support à "Solar Fire" mais écartés à l'époque pour des raisons de droit d'auteur.
Aux antipodes de son prédécesseur, "Masque" nous propose une musique apaisée et apaisante, construite autour d'un thème récurrent fort joliment présenté dans le très acoustique et léger 'Joybringer', précédemment enregistré en 1973 par le groupe. Point de saillies de guitares ni d'improvisations débridées ici (hormis une séquence piano/saxophone sur 'Geronimo's Cadillac') : les titres sont pour la plupart semi-acoustiques, avec des accompagnements de claviers sobres et planants, incorporant également des séquences de trompette. Néanmoins, MMEB introduit plusieurs séquences jazzy, comme par exemple sur le sautillant 'Sister Billy's Bouncer, sans oublier ses racines progressives dont 'A Couple of Mate' se fait un magnifique écho, traversé par des saillies de saxophone à vous filer la chair de poule.
L'ensemble dégage une ambiance de joie et de sérénité, tout en conservant un pouvoir attractif certain, chaque titre proposant une mélodie ou une ambiance facilement mémorisable, servies par le chant plutôt excellent de Mick Rogers (superbe 'We're Going Wrong' notamment), assisté par des voix féminines totalement en phase avec l'atmosphère particulière de l'album. On regrettera une nouvelle fois, mais c'est une habitude avec ce groupe, quelques fins abruptes en fade-out au lieu de quelques développements supplémentaires.
Dans un style quelque peu inhabituel pour le groupe, mais préfigurant d'une certaine manière l'aventure "Plain Music", "Masque" se présente comme un album léger, très agréable à écouter. Avec le recul, il tient toute sa place dans la discographie du groupe, et sera surtout la dernière sortie de la période prolifique de Manfred Mann's Earth Band, période qui aura accouché de 13 albums en quinze ans, tandis que les 30 années suivantes se contenteront de 3 parutions studio.