The Walrus Resists est une formation montpelliéraine entre post metal hargneux, progressif onirique et death ultra-caverneux, qui délivre un melting-pot de sonorités glauques, puissantes mais aussi lumineuses. Leur dernier rejeton "The Face of Heaven" est un savant mélange d'hymnes puissants, de métriques millimétrées et de voix criardes qui rugissent comme le diable et son aréopage.
La musique classieuse résonne d'une multitude de riffs écrasants et d'arpèges suaves, ces échos empruntant parfois le chemin de la dissonance étant ponctués par des interventions solistes dodécaphoniques. La mise en place est au cordeau : les mesures impeccablement construites, la batterie "épine dorsale" soutient la droiture rythmique, et la voix expulse des intonations animales entre vociférations criardes et éructations boueuses...
Une petite plage paisible nous convie à entrer dans la musique, baignée par la douce caresse qu'on jurerait sortie d'un piano contemplatif, mais c'est ni plus ni moins une guitare chaleureuse ('Opening'). Puis un rythme syncopé s'installe, la voix gronde et les guitares hésitent entre riffs rythmés, arpèges divins et traits solistes éjaculatoires. 'Divine Pact' affirme un certain changement, en usant du chant clair sur des mesures toujours aussi syncopées, ou des passages plus lourds. 'No Witness' propose un rythme chaloupé pour nous inviter à onduler notre corps... et bien entendu il se tortille facilement, porté par ces évolutions rythmiques impeccables. C'est alors qu'un interlude dépouillé laisse quelques instants fugaces pour reprendre un peu d'air ('Interlude') ; ce souffle de tranquillité permet aussi d'apprécier à sa juste valeur la meilleure composition de la galette ('The Final Leap'), sur laquelle le groupe laisse échapper son côté le plus construit, au profit d'une version plus animale aux riffs plombés dignes de Metallica.
"The Face of Heaven" est une galette aux enchevêtrements rythmiques multiples, qui permet d'apprécier un groupe au potentiel technique solide, mais qui est parfois difficile à suivre tant les idées bouillonnent. Et même si le combo déploie de multiples styles parmi lesquels il semble hésiter, on le sent beaucoup plus à l'aise sur les pistes "rentre-dedans" et plus directes.