Suite à une brouille avec sa maison de disques TVT Records, Trent Reznor, leader de Nine Inch Nails, s'enferme, donnant avec parcimonie des nouvelles sur son intégrité physique et mentale. C'est en 1992 qu'il décide de mettre un terme à son hibernation et d'offrir un successeur à son ''Pretty Hate Machine'', qui avait été un succès.
Si le premier album était ténébreux, il savait ménager quelques moments de contemplation, notamment grâce à l'apport des synthétiseurs. ''Broken'' dérègle la machine au profit d'un son metal industriel encore plus violent. Avec ses refrains hurlés, 'Hapiness In Slavery' semble un lointain écho de 'Head Like A Hole', avec un savant dosage entre tension et explosion collatérale. Les paroles ainsi que le clip censuré réactivent l'histoire masochiste de ''Dans La Colonie Pénitentiaire'' de Franz Kafka. 'Gave Up' et ses synthétiseurs (dont un Mellotron MKV qui aurait paraît-il été possédé par John Lennon) et guitares distordus envoie l'auditeur en orbite sur une planète industrielle. 'Wish' est une véritable séance d'électrocution rythmique. Le sommet de l'album, parangon industriel, est atteint sur 'Last' avec des guitares écorchantes en harmonie, et Trent Reznor dont le chant tantôt rageur, tantôt suffocant, parfois à peine audible, nous fait part de ses rêves brisés et de son enlisement irrévocable dans une ténébreuse dépression. A noter que Martin Atkins (Public Image Limited, Ministry) et surtout Chris Vrenna (Marilyn Manson, Stabbing Westward) font, chacun sur une piste, leur apparition derrière les fûts.
On pourrait reprocher à l'album d'être assez court, dépassant d'une courte tête la demi-heure. Deux pistes cachées, une reprise d'Adam And The Ants et une plus convaincante de Pigface, situées sur les pistes 98 et 99 (rendant caduque un procédé que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître), et deux pistes durant moins d'une minute, pourraient nous faire croire que Trent Reznor a bâclé son nouvel album. Mais ce dernier a toujours pointé du majeur la différence de son béante entre le studio et le concert et suggéré que cet album était une tentative pour y remédier, sans toutefois ménager son auditoire.
Ce second album de Nine Inch Nails nous confirme que les compositions de Trent Reznor sont les diamants noirs de sa mélancolie. Mais par sa brièveté et malgré certaines chansons coups de poing, l'album ne constitue pas une véritable avancée - il faudra attendre l'album suivant pour observer un saut qualitatif plus conséquent.