War Inside, jeune formation de chez nous, possède un vrai talent pour matérialiser des sonorités guerrières et un chaos monstrueux. Le groupe produit ainsi une musique caverneuse, matinée de sonorités death et d'éléments black grâce à des intonations vocales dignes de Emperor ou Immortals. Son nouveau méfait, "S.u.t.u.r.e", ne s'éloigne guère de cette recette.
Cette rondelle poisseuse et cataclysmique qui ravage tout sur son passage est plus qu'une énième galette simplement violente, ou qu'une nouvelle gorgée de pure violence, car dès les premières secondes la musique se fait cohérente, construite et solide comme un rock. Certes elle puise beaucoup dans les racines death classiques, mais elle ajoute aux sonorités dignes de Carcass des intonations criardes black ainsi qu'une multitude d'effets sonores qui la rapprochent d'une certaine veine progressive. On sent alors, au sein d'une déferlante de sonorités malignes et d'éructations biliaires, l'envie de proposer un album qui sorte du lot.
Le disque débute sans préavis : ainsi, dès les premiers arpèges de 'Demiurge', nous somme écrasés sous une métrique presque metalcore et des éructations entre cris stridents et ronflements caverneux. Puis, au milieu de cette déferlante sonore, le rythme s'assouplit et laisse libre court à une six-cordes solitaire pas piquée des vers. Déjà terrassés par cette première étape, nous continuons le voyage en ces royaumes morbides par 'The Milgram Whore', avec toutefois un léger changement de couleur musicale. En effet, cette composition introduite par des voix aigrelettes et un riff presque black semble vouloir arpenter des contrées brumeuses aux terres arides, desséchées par les flammes de l'enfer. Le groupe hésite donc bel et bien entre le caverneux et le diabolique, car alors que la composition navigue sur le fil d'un black terreux, la partie centrale présente un rythme plombé digne d'Obituary. Cette hésitation se retrouve à nouveau sur 'Rictus' qui intègre lui aussi des riffs pesants noyés au milieu d'oraisons incantatoires aux relents sataniques. Quant à 'Penance', il dévoile une mise en place digne de Arch Enemy emmenée par des riffs véloces que ne saurait renier Michael Amott.
Même si "S.u.t.u.r.e" est une œuvre qui a le cul entre deux chaises, elle est très bien huilée et remue aussi bien les tripes que les tympans. De surcroit, au milieu de vocalises grumeleuses et d'accords dissonants surnage une vraie science musicale, si bien que l'opus s'écoute avec plaisir, et qu'au final on y revient avec une grande joie.