Six années se sont écoulées depuis la parution de "Vision", précédent album du quintet allemand Martigan. Le léger ajustement de line-up survenu dans cet intervalle (changement de bassiste) bouleversera-t-il le style du groupe, cantonné jusqu'ici dans un néo-progressif assez conventionnel ?
Pas vraiment (tant pis pour le suspense !). Avec un chanteur au timbre gabriellien, le groupe se réfugie tout au long de "Distant Monsters" dans des contrées qui lui sont familières : quelque part entre Marillion ('Complicious'), Fish ('Simplicius', déjà présent dans le premier album et un EP du groupe) ou Carptree (le début atmosphérique de 'On Tiptoe'). Héritage néo-prog oblige, les nappes de claviers sont constamment de la partie, et les titres, souvent longs, proposent leur content de soli instrumentaux, le plus souvent à la guitare.
Seulement là où les musiciens cités savent construire des développements stimulants, Martigan reste dans un ronron beaucoup trop sage. Non que l'album soit mal interprété : après une vingtaine d'années d'existence, le groupe possède une assise technique plus que correcte. Mais la construction des morceaux répond régulièrement à un schéma que les détracteurs du style prendront un malin plaisir à allumer. Prenons l'exemple de 'The Lake', 14 minutes et des poussières au garrot : deux couplets/refrain, un pont vocal, un couplet refrain et nous voilà embarqués dans un solo de guitare de cinq minutes - un temps plutôt long quand on n'a rien à dire - qui finalement ressemble plus à une jam laissée au bon vouloir du guitariste qu'à un vecteur d'émotions. Si certains morceaux commencent bien, comme 'Lion' et sa rythmique impaire tendue par une rythmique basse plaçant une ambiance particulière, la suite se perd faute d'une proposition convaincante, ou bien se complaît dans des procédés usés, prévisibles.
Tout cela (75 minutes tout de même !) s'écoute sans réel déplaisir mais sans passion. En somme, "Distant Monsters" apparaît comme un album qu'il est difficile de détester mais qui aura du mal à se faire aimer.