J'ai toujours eu une boulimie pour la découverte de formations violentes, comme si une rage trop longtemps contenue en moi ne demandait qu'à s'exprimer. Chaque groupe qui repousse la barrière de l'ultra-violence est alors comme une plongée abyssale dans un maelström infernal qui pilonne et laisse des bleus. C'est donc ce mélange étrange de violence inhumaine et d'une certaine musicalité que propose Against the Plagues, comme Morbid Angel dans son temps.
Il est ici bien question de dévastation physique et vibratoire tant la musique est épaisse, sombre et suffocante. La galette surprend donc, par ce déferlement de violence crasse inhabituelle : les blasts sont incessants, les rythmiques black harassantes et les guitares grondantes dévastatrices éjaculent des lignes musicales dissonantes. Et, comme pour augmenter l'angoisse, les pistes sont truffées d'effets sonores qui introduisent la mélasse et transpirent le sang, la crasse et la poisse ('TerrorForm').
C'est donc du costaud qui nous est vendu, spécialisé en éparpillement façon puzzle et ventilation musclée, car dès le premier morceau nous sommes accueillis par un dégueulis vocal, un blast cadavérique et nerveux. Ce premier titre ('Man's Modern World'), qui fait immédiatement penser à Thy Art Is Murder par cet aspect sans concession, entame un bal sanglant... puis le tempo s'assagit pour que la six-cordes délivre une intervention "lumineuse", entre la réincarnation de Chuck Schuldiner et les vibrations enharmoniques de Morbid Angel. Ensuite, 'Praetorian Icon' nous offre une intervention de six-cordes torturée dans la veine de Hate Eternal : des phrases à cent à l'heure, ainsi que quelques notes qui semblent appartenir à un système modal malsain et blasphématoire de grands anciens.
Au final, seul 'Falling Further' s'extirpe de la fange, car il débute par des nappes d'ambiances dignes de Fear Factory ('Timelessness'), une voix grumeleuse et des arpèges aériens à la guitare acoustique, comme la douce caresse de l'hiver et des flocons glacés sur notre peau meurtrie...
"Purified Through Devastation" est une pieuvre noire protéiforme et gluante, une ode satanique sans concession, une rondelle opaque au travers de laquelle ne diffuse aucune lumière. Son écoute procure un plaisir malsain,
intimiste à la faveur de montées d'angoisse morbide et d'adrénaline. Les pistes exécutées avec maestria y sont suffocantes, épaisses et poisseuses. Une rondelle donc, qui éclate à la gueule, mais qui ravira surtout les amateurs de technicité, les adorateurs du côté obscur ou les aficionados de l'ultra-violence d'Alex et de ses droogies...