"Under The 23rd" est le cinquième album d’Accept. Petite précision préliminaire qui a son importance pour éviter les confusions : l’Accept en question n’est pas le groupe de heavy metal allemand qui traîne ses guêtres sur la scène musicale depuis plus de trente-cinq ans, mais son homonyme japonais, one-man band du multi-instrumentiste Hisao. Les amateurs de musiques musclées peuvent passer leur chemin, il n’y a rien ici susceptible de les intéresser.
Car le territoire de chasse de l’Accept nippon, c’est le progressif anglais des années 70. Symphonique. Avec une forte propension à l’atmosphérique et aux bruitages, à tel point qu’Hisao accepte à ses côtés une personne dédiée aux sons d’ambiance et deux autres pour parsemer de voix les dix-sept titres que compte l’album. Si les ambitions affichées sont alléchantes, la réalisation n’est malheureusement pas à la hauteur des espérances.
Pourtant, tout commence plutôt bien. Après une introduction classique et banale pour ce type d’album, ‘Angel’ affiche tous les marqueurs du prog symphonique : nappes de claviers, nombreux changements de thème, alternance de passages aériens et soutenus, chant choral, pauses, reprise de thème, bref toute la panoplie y passe. Mais, plutôt que de ressembler à Yes, champion du genre, Accept tire vers l’évanescence d’un Atoll ou d’un Galadriel.
La faute a un manque de charisme et d’empathie combiné à des mélodies tantôt convenues, tantôt totalement absentes. Et les choses ne s’arrangent pas par la suite. De "Moon Theme ?" à "The Inevitable Pain", les titres adoptent un tempo lent et une tonalité mélancolique, portés par des nappes de claviers éthérées et des arpèges de cordes délicats (les percussions sont pratiquement absentes de l’album). Ce n’est certes pas désagréable mais un peu fade. On retrouvera cette douceur vaguement ennuyeuse à partir de "Port Of Hope" pour ne plus la quitter jusqu’à la fin. Entre les deux, six titres plus chaotiques, laissant une large place aux bruitages divers, aux dissonances, aux rythmes syncopés qui auraient pu apporter un contraste opportun s’ils n’avaient été entachés d’un manque de cohérence et d’une piètre production rendant l’ensemble brouillon et confus.
La production est d’ailleurs l’un des gros points faibles de "Under The 23rd", restituant un son plat et touffu, sans aucun relief. Ajoutée à des compositions sans idée et une interprétation sans âme, il faut beaucoup d’abnégation pour aller jusqu’au bout de cet album bien trop long et monotone où l’ennui guette l’auditeur derrière chaque titre.