Nahum a vu la nuit en République Tchèque, détail qui n'en est pas un en ce sens qu'il en dit plus long que de belles phrases sur un contenu qu'on devine (forcément) brutal, promesse d'un équarrissage en règle. Car les hordes barbares venues de l'Est ne sont pas vraiment réputées pour faire dans la finesse ni dans le point de croix, ce que confirme "And The Chaos Has Begun", dont le simple nom tonne comme une profession de foi, comme une déclaration (de guerre).
Martelant un death aux relents thrash, à moins que cela ne soit l'inverse, Nahum fait donc ce qu'on attend de lui, Attila furieux derrière lequel rien ne repousse. On pourrait trouver avare cette petite trentaine de minutes mais, outre le fait qu'elle permet à ces guerriers de maintenir une intensité qui jamais ne débande, cette courte durée suffit à emplir d'une joie vicieuse l'amateur qui sort de cette écoute lessivé néanmoins déjà prêt à tendre l'autre joue.
Construites sur un maillage serré, ce sont neuf agressions qui s'empilent, laissant échapper de leurs entrailles un souffle bestial, de 'Creator Of Emptiness' au très justement nommé 'Raging Chaos', de 'Vomit The Darkness' (ça ne s'invente pas) à 'Under Fire'... Panzer lancé à une allure infernale, Nahum n'est pourtant pas (tout à fait) le bourrin bas du front qu'il semble être et sa seconde offrande, la saillie sans vaseline promise.
De fait, noble successeur de "The Gates Are Open", "And The Chaos Has Begun" arpente les cavités sournoises d'un art dont l'affolante technicité ne le rend que plus implacable. Bref, ça tabasse sévère mais avec une science millimétrée de la destruction puissante. S'il lui arrive, toutefois avec une roublarde parcimonie, de serrer le frein à main, à l'image de 'Funeral Of Age' dont la première moitié s'abîme dans les lourds méandres de viscères encore fumantes, le groupe surprend surtout par les éclairs mélodiques qu'il ne manque jamais de faire jaillir de ces saillies trapues que pourfendent des soli ravageurs ('Damned'), soulignés par les vocalises caverneuses du furieux Pavel Balcar.
L'inspiration au garde-à-vous, Nahum enfante un monstre de violence contrôlée qui dans le genre force le respect.