Depuis son quatrième album, "Both Sides", Phil Collins file un mauvais coton. Non seulement la critique n’est pas tendre avec lui, mais surtout le public ne le suit plus et, sans aller jusqu’à dire que ses albums studio se vendent mal, ils se vendent moins bien. Moins bien que ses trois premiers disques, moins bien que la compilation qui paraît en 1998 ("…Hits"), moins bien que la BO du dernier Disney, "Tarzan". Alors que Phil Collins avait pris l’habitude de sortir un album tous les 3 à 4 ans, six années séparent "Testify" de son prédécesseur, "Dance Into The Light". Le temps pour l’artiste d’avoir peaufiné sa copie ?
Dire que le titre introductif, ‘Wake Up Call’, rassure d’emblée serait exagéré. Rock mid-tempo à la mélodie facile et passe-partout, la chanson s’oublie aussi vite qu’elle a été écoutée et renoue avec le style Collins sans innover d’un iota. Et c’est certainement là le plus gros défaut de cet album : pas de hit fracassant, pas de surprise, pas d’évolution, Phil Collins nous ressert des chansons plutôt agréables à écouter mais mille fois entendues. En faisant le tri, on trouve néanmoins quelques belles réussites, mais aussi quelques titres dispensables qui laissent à croire que l’album aurait gagné à être plus court.
Ainsi les ternes et insipides ‘Swing Low’, ‘Driving Me Crazy’, ‘Through My Eyes’ et ‘You Touch My Heart’ auraient pu rester au fond d’un tiroir sans manquer à personne. A l’inverse, ‘Testify’, ‘It's Not Too Late’, ‘This Love This Heart’ ou ‘The Least You Can Do’ produisent tous leur petit effet sympathique grâce à un crescendo classique mais savamment agencé. 'Don't Get Me Started' est un clone réussi du ‘You’ll Be In My Heart’ tiré de "Tarzan" et ‘Can't Stop Loving You’ contient certainement la mélodie la plus addictive de l’album. Curieusement, il s’agit du seul morceau qui ne soit pas signé Collins.
L’album dispose d’une assise rythmique particulièrement dynamique et bien mise en valeur par la production. La basse ronronne agréablement et la batterie percute ce qu’il faut pour mettre en relief chaque mélodie. Phil Collins a abandonné son horrible drum machine depuis l’album précédent et c’est un vrai bonheur pour l’auditeur. On ne peut cependant s’empêcher de regretter que Collins, qui vient quand même de la scène progressive, se montre si linéaire dans ses chansons, n’introduisant aucun break, aucun solo, aucun effet, aucun changement de rythme. Du coup, si chaque titre est plutôt agréable à écouter, une certaine monotonie s’installe dans la durée.
"Testify" reçut un accueil plutôt froid de la critique et fut un flop commercial. Seule la France lui fit bonne réception. Sans doute est-ce ma sensibilité de Français qui me fait trouver des circonstances atténuantes à un album certes pas majeur, mais qui se laisse écouter sans déplaisir.