Album qui ouvrira à Cream les portes des Etats-Unis, "Disraeli Gears" est une véritable bombe dans le milieu blues rock à la fin de l'année 1967. Son nom est tiré d'une blague à propos de l'ancien premier ministre britannique Benjamin Disraeli qui a gouverné dans les années 1870. Bien que très court, cet album est souvent considéré comme une œuvre incontournable de la discographie d'Eric Clapton et du blues rock en général.
Onze titres et presque autant de chefs-d'œuvre ... "Diraeli Gears" s'ouvre sur un classique absolu, 'Strange Brew', qui décline à la fois l'influence blues très marquée mais aussi l'identité psychédélique et aérienne désormais pleinement assumée du trio. Le chant stratosphérique de Jack Bruce et le riff imparable d'Eric Clapton donnent à ce morceau des allures d'hymne. Mais c'est le titre suivant, 'Sunshine Of Your Love', qui balaye tout sur son passage avec son phrasé internationalement connu. Cette chanson absolument mythique bénéficie de la parfaite symbiose entre trois musiciens d'exception : Ginger Baker tient la baraque avec une certaine discrétion mais un beau tempérament, tandis que le solo de Clapton est d'une évidente efficacité et le chant de Bruce, volontaire à souhait. 'World Of Pain' composé par le producteur Felix Pappalardi est d'un suave psychédélisme apporté par un chant subtil et une mélodie parfaite. 'Blue Condition' chanté par Ginger Baker est un peu plus classique voire redondant, alors que 'Tales Of Brave Ulysses' apporte un caractère presque progressif et bénéficie surtout d'un Eric Clapton en état de grâce. 'SWLABR' acronyme soit pour She Walks Like A Bearded Rainbow (Elle marche tel un arc-en-ciel barbu) soit pour She Was Like A Bearded Rainbow (Elle était tel un arc-en-ciel barbu), est très rythmée et terriblement accrocheuse.
Finalement chaque titre apporte son lot de plaisir, de surprise et de bonheur. Le chant de Jack Bruce étant définitivement la clé de voûte de cette musique, qui lui donne ce caractère si particulier. Principal compositeur du groupe, bassiste très inspiré, l'Ecossais est l'âme de Cream. Mais, il ne faut pas sous-estimer l'apport d'Eric Clapton, qui propose des riffs originaux et fantastiques. Alors que dans "Fresh Cream", le guitariste semblait un peu en retrait, il enchaîne ici pépite sur pépite avec un son plus affirmé dans une production plus équilibrée. Il participe également à la composition de quelques-uns des titres les plus importants d'une décennie pourtant si foisonnante.
Grâce à l'aide du producteur
Felix Pappalardi, qui se joint au trio pour composer, les Britanniques offrent ce deuxième album à la postérité. Il gagne très nettement en cohérence par rapport à son prédécesseur qui semblait être une compilation de morceaux variés et hétérogènes. Il donne surtout à Cream une identité qui en fera un groupe phénomène malheureusement trop éphémère.